15faits Ă©piques sur NapolĂ©on Bonaparte. L'une des figures les plus fascinantes Ă  avoir jamais vĂ©cu est nĂ©e il y a 246 ans. Pour l'anniversaire de NapolĂ©on Bonaparte, voici 15 choses que vous ignorez peut-ĂȘtre sur le gĂ©nĂ©ral devenu empereur devenu icĂŽne. 1. Labande dessinĂ©e ne fait pas exception Ă  la rĂšgle. Pour l'illustrer, analysons les rĂ©centes intĂ©grales qui viennent de paraĂźtre. Comme les mĂ©dias le claironnent depuis plusieurs jours, c’est le 5 mai 1821 que l’empereur NapolĂ©on rendit son dernier soupir dans son Ăźle-prison de Sainte-HĂ©lĂšne. Est-il dĂ©cĂ©dĂ© d’une intoxication CharlesLouis NapolĂ©on Bonaparte nĂ© Ă  Paris le 20 avril 1808 et mort Ă  Chislehurt, Kent, le 9 janvier 1873, neveu de NapolĂ©on, connu comme NapolĂ©on III a Ă©tĂ© Ă  la tĂȘte de la France de 1848 Ă  1870 d'abord comme prĂ©sident de la RĂ©publique puis comme empereur des Français. Il n'a pas bonne rĂ©putation et reste un personnage mystĂ©rieux. Le Sphinx, Lastatue en bronze de NapolĂ©on Ier, exĂ©cutĂ©e par Seurre, est inaugurĂ©e le 28 juillet 1833 au sommet de la colonne VendĂŽme. Elle remplaçait celle de Chaudet dĂ©posĂ©e Ă  la chute de l'Empire. OccultĂ©e sous la Restauration, l’effigie de l’Empereur est rĂ©habilitĂ©e officiellement par Louis-Philippe, soucieux de mĂ©nager les Bonapartistes. MortĂ  Saint HĂ©lĂšne le 5 mai 1821 l’empereur dĂ©chu termine ce jour lĂ  son exil terrestre de 5 ans et 10 mois. Il ne semble pas avoir eu d’assistance spirituelle durant ces annĂ©es. Comme le note Madame Claire de RĂ©musat dans ses MĂ©moires : « il donnait trop d’attention Ă  ce qui se passait dans ce monde pour s’occuper beaucoup de l’autre » « Vay Tiền Nhanh Chỉ Cáș§n Cmnd Nợ Xáș„u. Sujet NapolĂ©on est mort Ă  Saint HĂ©lĂšne PepeHanouna4 MP 04 mai 2021 Ă  212700 Son fils LĂ©on lui a crevĂ© le bidon PepeHanouna4 MP 04 mai 2021 Ă  212917 On l'a retrouvĂ© le cul sur une baleine Pseud080 MP 06 mai 2021 Ă  011115 Victime de harcĂšlement en ligne comment rĂ©agir ? Infos 0 connectĂ©s Gestion du forum ModĂ©rateurs Suumas, Love-n-peace, odoki, LikeGod, [FIREWORK] Contacter les modĂ©rateurs - RĂšgles du forum Sujets Ă  ne pas manquer Aucun sujet Ă  ne pas manquer Le 5 mai 1821 sur l'Ăźle de Sainte HĂ©lĂšne, NapolĂ©on Bonaparte rend son dernier souffle Ă  l'Ăąge de 51 ans. Avec sa mort, NapolĂ©on rend Ă  Dieu le plus puissant souffle de vie qui jamais anima l’argile humaine » pour reprendre une phrase de ChĂąteaubriand. Cette triste fin termine une longue agonie, commencĂ©e au lendemain de Waterloo, et dont le caractĂšre irrĂ©mĂ©diable s’est accentuĂ© au fur et Ă  mesure que le temps s’est Ă©coulĂ©, sur l’üle inhospitaliĂšre oĂč les Anglais ont relĂ©guĂ© l’ancien Empereur des Français auquel ils n’accordent pas d’autre titre que celui de gĂ©nĂ©ral Bonaparte dĂ©jĂ  d’ailleurs suffisamment Ă©logieux. Retraçons les derniĂšres semaines de sa vie Ă  Sainte-HĂ©lĂšne, si fertile en Ă©vĂ©nements, et voyons de quoi est-il mort et quels ont Ă©tĂ© ses derniers mots. Malade, NapolĂ©on fait son testament Le 15 mars, NapolĂ©on est indisposĂ©, aprĂšs avoir bu de l'eau d'une source Ă  laquelle il Ă©tait pourtant accoutumĂ©. Il mange peu et passe l'aprĂšs-midi sur son lit de camp. Le 16, il ne sort pas. Le 17, il se lĂšve mais est contraint de se recoucher en milieu de journĂ©e. Le docteur Antomarchi est appelĂ© et le soigne jusqu'au 31. Pendant tout ce temps, il reste alitĂ©. De dĂ©but avril au 5 main, il est soignĂ© conjointement par Antomarchi et le mĂ©decin anglais Arnott. Depuis le dĂ©part du mĂ©decin anglais O'Meara, qui lui Ă©tait affectĂ© avant d'ĂȘtre Ă©loignĂ© par Hudson Lowe, le gouverneur de Sainte-HĂ©lĂšne, NapolĂ©on refusait le secours des mĂ©decins britanniques dont il se mĂ©fiait les soupçonnant d'ĂȘtre des espions du gouverneur, son ennemi personnel. En avril 1821, cependant, il accepte les soins du docteur Archibald Arnott, mĂ©decin et ami de la famille Bertrand, qui frĂ©quente assidĂ»ment Longwood, oĂč ses conversations sont prisĂ©es. La santĂ© de l'Empereur s'est alors sensiblement aggravĂ©e et Hudson Lowe, qui a longtemps cru Ă  une maladie imaginaire, commence Ă  s'inquiĂ©ter. Arnold, attachĂ© au 20Ăšme rĂ©giment anglais, traite NapolĂ©on, conjointement avec Antomarchi, jusqu'Ă  sa mort. NapolĂ©on reçoit les visites quotidiennes des deux mĂ©decins mais refuse leurs mĂ©dicaments, les estimant inutiles. Pendant le mois qui prĂ©cĂšde sa mort, il dĂ©crit souvent sa maladie aux personnes prĂ©sentes en pensant Ă  l'intĂ©rĂȘt pour son fils d'en ĂȘtre instruit. A partir du 10 au 12 avril, il met ses affaires en ordre avec l'aide de son entourage. Il revient Ă  plusieurs reprises sur son testament, auquel il ajoute plusieurs codicilles, faisant preuve jusqu'au bout d'une mĂ©moire prodigieuse en n'oubliant aucune de toutes les personnes, Ă©minentes ou obscures, envers lesquelles il se sent redevable. Il dĂ©signe les comtes Bertrand, Montholon et Marchand comme ses exĂ©cuteurs testamentaires, ce qui autorisera Marchand Ă  revendiquer ultĂ©rieurement ce titre de noblesse. Le 15 avril, il fait don Ă  Arnott d'une tabatiĂšre sur laquelle il a gravĂ© un N avec son canif. Quelques jours avant de mourir, il fait placer le buste de son fils au pied de son lit. Le 1er mai, on pense que la maladie pourrait connaĂźtre rapidement une fin funeste. Le mercredi 2, cette prĂ©vision se confirme. Le 3, la situation du malade paraĂźt dĂ©sespĂ©rĂ©e. Le docteur Shorst, mĂ©decin en chef, et le docteur Mitchell, premier mĂ©decin des forces navales, sont appelĂ©s en consultation par Antomarchi, mais ils ne sont pas autorisĂ©s Ă  voir le patient. Le vendredi 4 mai, on observe un lĂ©ger mieux qui permet au malade de prendre quelques rafraĂźchissements. Tout le jour, des signaux sont Ă©changĂ©s pour transmettre, de 2 heures en 2 heures, l'Ă©tat du sujet que l’on estime dĂ©jĂ  moribond. Les derniers mots et la mort de NapolĂ©on Ier Dans la nuit du 4 au 5 mai, vers 3 heures du matin, NapolĂ©on perd connaissance. Deux heures plus tard, les extrĂ©mitĂ©s sont froides, le pouls devient imperceptible. L'amiral britannique et le marquis de Montchenu, reprĂ©sentant la France Ă  Sainte-HĂ©lĂšne, se rendent Ă  Longwood pour ĂȘtre tĂ©moins de la mort de l'illustre captif. Ce dernier prononce des mots entrecoupĂ©s de silences "Mon Dieu! Et la nation française! Mon fils! TĂȘte armĂ©e!", vers 7 heures du matin. Ce sont ses derniĂšres paroles. Il meurt le samedi 5 mai 1821, Ă  17 heures cinquante d'autres disent Ă  17 heures trente, sous les yeux du docteur Arnott. Le capitaine Crockat, officier de service, et les docteurs Shorst et Mitchell, voient le corps un peu plus tard. Arnott passe la nuit dans la chambre mortuaire. L'Empereur disparu a l'air de dormir. Amaigri par la maladie, il semble avoir rajeuni. Sa figure est calme et reposĂ©e. Il s'en dĂ©gage un air de noblesse qui frappe les visiteurs. Des dessinateurs improvisĂ©s tentent de fixer son profil pour la postĂ©ritĂ©. Le climat de l'Ăźle ne tardera pas Ă  altĂ©rer les traits. Le dimanche 6 mai, vers 7 heures du matin, Hudson Lowe, l'amiral Lambert, commandant de la station navale, le marquis de Montchenu, le brigadier-gĂ©nĂ©ral Coffin, commandant en second, MM Thomas L. Brooze et Thomas Greentree, membres du conseil de gouvernement de l'Ăźle et les capitaines Brown Hendry et Marryall, de la marine britannique, viennent constater le trĂ©pas du prisonnier avant de se retirer. Le capitaine Marryall dessine le portrait du dĂ©funt Ă  la demande d'Hudson Lowe, avec l'accord du comte Montholon et du grand marĂ©chal Bertrand. Hudson Lowe manifeste une certaine Ă©motion. Plusieurs personnes, tant françaises qu'anglaises, dĂ©filent devant le cadavre de NapolĂ©on pour lui rendre un dernier hommage. A 2 heures de l'aprĂšs-midi, l' autopsie du corps a lieu en prĂ©sence des docteurs Shorst, Arnott, Burton, du 66Ăšme rĂ©giment anglais, Matthew-Livingstone, mĂ©decin de la Compagnie des Indes ; c’est Antomarchi qui officie ; Bertrand et Montholon sont prĂ©sents Ă  l'opĂ©ration. L'autopsie rĂ©vĂšle un intestin, un foie et des poumons normaux, un cƓur sain mais enveloppĂ© de graisse, un rein retournĂ©, et surtout un estomac trĂšs mal en point, rongĂ© par de profondes ulcĂ©rations et prĂ©sentant des parties squirreuses ; la cavitĂ© stomacale contient une substance ressemblant Ă  du marc de cafĂ©. Des adhĂ©rences, causĂ©es par la maladie, affectent les surfaces de l'estomac et du foie. On pense Ă  un ulcĂšre gastrique ou Ă  un cancer de l'estomac. Arnott est dĂ©signĂ© comme gardien de la dĂ©pouille et des deux vases renfermant le cƓur et l’estomac de l’Empereur jusqu’à sa mise au tombeau. NapolĂ©on est ensuite revĂȘtu d'un uniforme vert Ă  parements rouges, qu'il mettait souvent, sur lequel on Ă©pingle toutes ses dĂ©corations. Sa dĂ©pouille est ensuite placĂ©e sur le petit lit de camp en fer qu'il utilisait au cours de ses campagnes, avec un crucifix d'argent sur la poitrine, et, sur le corps, le manteau de drap bleu brodĂ© d'argent qu'il portait Ă  Marengo. Dans la chambre, drapĂ©e de noir, l'abbĂ© Vignali procĂšde au service religieux funĂšbre, en prĂ©sence des proches du dĂ©funt et de sa domesticitĂ©. Puis le corps reste exposĂ© pendant deux jours au cours desquels une foule immense vient lui rendre un dernier hommage. Des funĂ©railles... de gĂ©nĂ©ral Le 8 mai, on l’embaume puis on l'enferme dans trois cercueils un en fer-blanc, matelassĂ© de satin blanc, un second en acajou et un troisiĂšme en plomb. Un quatriĂšme, en acajou, qui devait renfermer les trois premiers, ne parvient que le lendemain matin. L'enterrement se dĂ©roule le 9 mai avec tout l'apparat rĂ©servĂ© aux gĂ©nĂ©raux de haut rang, mais pas aux chefs d'Etat, titre que l'Angleterre refuse de reconnaĂźtre. Le cercueil gigogne repose sur une voiture tirĂ©e par quatre chevaux. Douze grenadiers le portent lorsque le chemin cesse d'ĂȘtre carrossable. Les coins du drap mortuaire, lequel n'est autre que le manteau de Marengo, sont tenus par Montholon et Bertrand. Des officiers et administrateurs britanniques ainsi que le marquis de Montchenu figurent dans l'assistance. Trois mille soldats anglais, qui ont accueilli le convoi Ă  sa sortie de Longwood, suivent le cortĂšge, lequel chemine entre deux haies de musiciens. Onze salves d'artillerie sont tirĂ©es pendant la cĂ©rĂ©monie. Le corps de l'homme qui fit trembler l’Europe repose dĂ©sormais dans un humble caveau amĂ©nagĂ© auprĂšs d'une source, sous deux saules, dans un petit vallon romantique de Sainte-HĂ©lĂšne, Ă  l’emplacement qu'il avait lui-mĂȘme choisi, sur une petite Ăźle isolĂ©e au milieu de l'OcĂ©an, faute de pouvoir ĂȘtre enterrĂ© au milieu du peuple français qu’il avait tant aimĂ© ». Comme ce lieu est inaccessible, les pionniers anglais ont tracĂ© une route en urgence, sans pouvoir toutefois l'aplanir pour la rendre accessible aux voitures jusqu’au bout, ainsi qu'on l'a dit plus haut. Lorsque Rapp apprend la mort de NapolĂ©on, aux Tuileries, au milieu d’un arĂ©opage enfin soulagĂ©, il cache difficilement l’émotion qui l’étreint. Alors Louis XVIII, qui ne perd pas cette occasion de montrer sa dĂ©sapprobation aux ultras, l’engage ostensiblement Ă  ne pas retenir ses larmes en ajoutant qu’il ne l’en estimera que davantage. Deux masques mortuaires du visage de l'Empereur ont Ă©tĂ© confectionnĂ©s, le premier par le docteur anglais Arnott, 6 heures aprĂšs la mort, Ă  l'aide d'un nĂ©gatif en cire de chandelle, le second par le docteur anglais Burton et le mĂ©decin français Antomarchi, 40 Ă  46 heures aprĂšs le dĂ©cĂšs; ce dĂ©lai s'explique par la difficultĂ© de trouver du plĂątre sur l’üle, la mauvaise qualitĂ© du gypse dĂ©couvert par Burton rendant d'autre part la tentative hasardeuse. Le premier masque, pris en cachette par son auteur, prĂ©sente un visage calme, plongĂ© dans un sommeil paisible. Le second prĂ©sente au contraire un visage aux traits creusĂ©s, dĂ©jĂ  marquĂ© par la dĂ©composition des tissus. L'authenticitĂ© de ces deux masques est contestĂ©e, celle du premier d'abord parce que l'on peut lĂ©gitimement douter de la possibilitĂ© d'un tel travail Ă  l'insu des proches de l'Empereur, en second lieu parce que la cire employĂ©e pour la prise de l’empreinte ne permettait par une reproduction parfaite des traits et enfin parce que son existence fut trop longtemps tenue secrĂšte ; celle du second parce qu'on le soupçonne d'avoir Ă©tĂ© trafiquĂ©, une petite partie seulement du visage ayant Ă©tĂ© moulĂ©e et le reste ayant Ă©tĂ© reconstituĂ©. Il semble donc que ni l'un ni l'autre de ces masques ne donne une image rĂ©elle du visage de l'Empereur sur son lit de mort. A dĂ©faut, il faut se contenter du dessin de Marryall, tenu pour fidĂšle par les tĂ©moins, mĂȘme si le masque d'Antomarchi bĂ©nĂ©ficie d'une estampille officielle. De quoi est mort NapolĂ©on ? La mort de l'Empereur a Ă©tĂ© attribuĂ©e, on l'a vu, Ă  un ulcĂšre de l'estomac ou Ă  un cancer, lors de son autopsie, hĂ©sitation comprĂ©hensible puisque les deux maladies n’étaient pas clairement distinguĂ©es avant 1830. Ce diagnostic a depuis Ă©tĂ© rĂ©voquĂ© en doute par le dentiste suĂ©dois Forshufvud qui soutient la thĂšse d'un empoisonnement Ă  l'arsenic Ă©tayĂ© par les symptĂŽmes d'Ă©volution de la maladie et par la forte teneur en arsenic des cheveux de l'Empereur. Cette thĂšse, dĂ©fendue aussi par Ben Weider, homme d'affaires quĂ©bĂ©cois, disparu en 2008, a fait couler beaucoup d'encre. Si assassinat il y a eu, il faut dĂ©signer un assassin et trouver un mobile. Parmi les proches de l'exilĂ©, le comte de Montholon semble ĂȘtre le coupable idĂ©al puisque c'est lui qui prĂ©parait le vin bu par NapolĂ©on. Pour ce qui concerne le mobile, on hĂ©site entre trois possibilitĂ©s 1°- le service de Louis XVIII, dans l’attente d’une rĂ©compense suffisante pour rĂ©tablir une fortune compromise une fois la mission accomplie ; 2°- la jalousie, Albine de Montholon ayant Ă©tĂ© la maĂźtresse de l'Empereur Ă  Sainte-HĂ©lĂšne ; 3°- le service de NapolĂ©on lui-mĂȘme. Cet ingĂ©nieux Ă©chafaudage ne rĂ©siste pas Ă  un examen sĂ©rieux. Montholon peut espĂ©rer davantage de la gratitude de NapolĂ©on que de celle d'un roi de France bien Ă©loignĂ©. Albine a effectivement Ă©tĂ© la maĂźtresse de l'Empereur dĂ©chu; elle a mĂȘme Ă©crit un roman inspirĂ© du sujet et l'aventure est assez notoire pour que Hitler ait envisagĂ©, pendant l'occupation, de ramener la dĂ©pouille mortelle de la comtesse de Montholon aux Invalides aprĂšs avoir rapprochĂ© l'Aiglon de son pĂšre; mais Montholon connaissait parfaitement la galanterie de son Ă©pouse et l’acceptait en noble d'Ancien RĂ©gime pour qui une entorse Ă  la fidĂ©litĂ© conjugale ne revĂȘtait pas l’importance qu’on lui accorde aujourd’hui. Enfin, il est vrai que NapolĂ©on pouvait espĂ©rer son rapatriement d'une maladie simulĂ©e, grĂące Ă  une absorption d'arsenic soigneusement dosĂ©e, et il est non moins exact que l'arsenic, conjuguĂ© aux mĂ©dicaments administrĂ©s au patient vers la fin de sa vie, Ă©tait de nature Ă  prĂ©cipiter une issue fatale qui aurait alors Ă©tait accidentelle et non prĂ©mĂ©ditĂ©e, mais tout cela reste Ă  prouver. La prĂ©sence massive d'arsenic dans les cheveux du dĂ©funt, vĂ©rifiĂ©e Ă  plusieurs reprises, est incontestable, mais elle ne constitue plus un argument irrĂ©futable depuis que d'autres mesures ont prouvĂ© qu'on en retrouve autant dans les cheveux d'autres personnes qui vĂ©curent en mĂȘme temps que lui. Les habitudes de vie de cette Ă©poque n'Ă©taient pas les nĂŽtres et il est probable que les gens qui vivaient sous l'Empire Ă©taient en contact avec des concentrations d'arsenic qui nous sembleraient aujourd'hui excessives. En rĂ©alitĂ©, plusieurs Ă©lĂ©ments militent en faveur de la thĂšse de l’ulcĂšre Ă  l'estomac ou du cancer d'abord, l'hĂ©rĂ©ditĂ©, le pĂšre de NapolĂ©on Ă©tant mort Ă  peu prĂšs au mĂȘme Ăąge et dans des conditions voisines, ensuite les habitudes de vie de l'Empereur, personne Ă  l'activitĂ© dĂ©bordante, toujours sur les nerfs, et qui se contentait de repas irrĂ©guliers, trop rapidement absorbĂ©s et mal mĂąchĂ©s, enfin les conditions de sa dĂ©tention Ă  Sainte-HĂ©lĂšne, sous un climat tropical, chaud et humide, dans une ancienne exploitation agricole grouillante de rats, sur un plateau Ă  peu prĂšs dĂ©nudĂ© battu par les vents. NapolĂ©on, habituĂ© Ă  parcourir l'Europe Ă  cheval, en Ă©tait rĂ©duit Ă  se promener dans un espace Ă©troitement circonscrit, sous la surveillance constante de ses gardiens. Son activitĂ© physique se bornait souvent Ă  un peu de jardinage. Pendant de longues pĂ©riodes, pour ne pas ĂȘtre vus par ses geĂŽliers et les inquiĂ©ter par l’éventualitĂ© d’une impossible fuite, il se tenait enfermĂ© dans sa maison. Un tel comportement avait largement de quoi accĂ©lĂ©rer la fin d'une vie devenue pesante depuis sa dĂ©portation. Le gouvernement anglais avait bien prĂ©vu d'amĂ©liorer les conditions d'existence du proscrit. Mais la demeure dĂ©cente qu’il envisageait d’édifier ne devait pas dĂ©passer l’état de projet. Au lieu de Longwood, la rĂ©sidence de NapolĂ©on aurait pu ĂȘtre Ă©tablie dans un endroit de l’üle plus verdoyant et plus sain, par exemple Ă  Plantation House, mais il aurait alors fallu loger le gouverneur ailleurs. Qui repose sous le dĂŽme des invalides ? Un autre problĂšme a Ă©tĂ© soulevĂ© est-ce bien le corps de NapolĂ©on qui a Ă©tĂ© rendu par les Britanniques en 1840 et qui dort de son dernier sommeil sous le dĂŽme des Invalides? Non, rĂ©pond de maniĂšre pĂ©remptoire, RĂ©tif de la Bretonne, c'est celui de Cipriani, majordome de l’Empereur exilĂ©, mort en 1818, thĂšse reprise par Bruno Roy-Henry. A l’appui de leur thĂ©orie, ces deux auteurs font Ă©tat des divergences entre les tĂ©moins des derniers instants de la vie de l'Empereur et ceux qui procĂ©dĂšrent Ă  son exhumation avant son retour en France. Cependant, des erreurs de dĂ©tails sont toujours possibles dans une narration et ces erreurs ne constituent pas une preuve suffisante pour nier une opinion admise par le plus grand nombre alors qu’aucune des personnes prĂ©sentes Ă  l'ouverture des cercueils de l'Empereur n'a jamais mis en doute son identitĂ©. Du reste, comme le remarque justement Jean Tulard, une expertise gĂ©nĂ©tique couperait court Ă  ces rumeurs. PrĂšs de deux siĂšcles aprĂšs sa mort, l'ombre de l'Empereur soulĂšve encore des polĂ©miques. Ne confondons pas l'histoire avec le roman et bornons-nous aux faits avĂ©rĂ©s sans les solliciter au profit d’hypothĂšses douteuses propres tout au plus Ă  exciter l’imagination des amateurs de sensationnel. Une chose est Ă  peu prĂšs sĂ»re la mort de l'Empereur sur le rocher stĂ©rile de Sainte-HĂ©lĂšne en a fait un martyr. Cette conclusion tragique Ă  une vie prodigieuse a grandement contribuĂ© Ă  forger sa lĂ©gende. En le faisant pĂ©rir ainsi misĂ©rablement, les dirigeants anglais de l’époque nous ont certainement offert en cadeau » le rĂšgne de NapolĂ©on III. L'amour de la gloire ressemble Ă  ce pont que Satan jette sur le chaos, pour passer de l'enfer au paradis. » NapolĂ©on Ă  Sainte-HĂ©lĂšne. Bibliographie - La mort de NapolĂ©on, de Thierry Lentz et Jacques MacĂ©. Tempus, 2012. - NapolĂ©on face Ă  la mort, de Alain Frerejean. L'Archipel, 2021. - NapolĂ©on L'Ă©nigme de l'exhumĂ© de Sainte-HĂ©lĂšne de Bruno Roy-Henry. L'archipel, 2003 PubliĂ© le mardi 4 mai 2021 Ă  11h47 Pendant des dĂ©cennies, bien des historiens spĂ©cialistes de NapolĂ©on ont travaillĂ© depuis des propos rapportĂ©s, que son fidĂšle Las Cases avait vendus comme la parole impĂ©riale. ProblĂšme deux tiers se sont rĂ©vĂ©lĂ©s ĂȘtre des ajouts aprĂšs la dĂ©couverte fort tardive du vrai "MĂ©morial de Sainte-HĂ©lĂšne". Ça tient d’un premier tour de piste Ă  "Questions pour un champion" et ça donnerait quelque chose comme “Qui a proclamĂ© “Quel roman que ma vie” ?” RĂ©ponse NapolĂ©on deux points maximum, la phrase est un peu cĂ©lĂšbre. Attention, ça se corse “D'oĂč ça vient ?” Ca vaut plus cher l’histoire est davantage mĂ©connue. La citation est extraite d’un livre qui s’appelle Le MĂ©morial de Sainte-HĂ©lĂšne. En fait de livre
 huit tomes, qui sont signĂ©s du comte Emmanuel de Las Cases, et parurent en 1823, c’est-Ă -dire deux ans aprĂšs la mort de NapolĂ©on, dont le bicentenaire de la mort tombe cette semaine, le 5 mai. Las Cases, qui avait Ă©tĂ© conseiller d’Etat et chambellan de l’Empereur, avait suivi NapolĂ©on dans son exil Ă  Sainte-HĂ©lĂšne, aprĂšs la reddition impĂ©riale face aux Anglais le 15 juillet 1815. FidĂšle parmi les fidĂšles. NapolĂ©on restera sur ce caillou perdu dans l’Atlantique jusqu’en 1821. Pas Las Cases, qui l’a suivi accompagnĂ©s de son fils, mais qui doit quitter l’üle dĂšs 1816. Pendant son expulsion, Las Cases se fait confisquer un manuscrit dĂ©jĂ  mis au propre. Le fruit de ses Ă©changes avec NapolĂ©on, prĂ©sentĂ© sous forme de confidences, dissĂ©minĂ©es au jour le jour Ă  la façon d’un journal intime. Un objet qui se donne Ă  lire comme une chambre d’écho de la parole impĂ©riale brute. Rien ne manque, au fond la quatriĂšme de couverture, les notes de bas de page
 et quelques annotations par NapolĂ©on. De quoi dĂ©duire que, trĂšs tĂŽt, et avant mĂȘme d’embarquer pour une traversĂ©e de deux mois et demi jusqu’à Sainte-HĂ©lĂšne, l’empereur et son fidĂšle avaient convenu qu’un projet Ă©ditorial pourrait voir le jour. A vrai dire, Las Cases n’est pas le seul Ă  entreprendre de recueillir les confidences impĂ©riales. MĂ©decin personnel de NapolĂ©on ou gĂ©nĂ©raux du premier cercle, d’autres hommes de ses proches sont de l’exil eux aussi, et consignent ce qu’ils prĂ©sentent comme ses mots. A telle enseigne que les amateurs Ă©rudits de NapolĂ©on parlent encore parfois des “quatre Ă©vangĂ©listes”. Pour autant, le texte que Las Cases fait paraĂźtre en 1823 se distingue rapidement. Notamment par son succĂšs colossal, mais aussi par son histoire Ă  rebondissements, qui vient raconter quelque chose de l’usage politique de NapolĂ©on, qui parfois rĂ©sonne aujourd’hui encore. Ainsi, on comprend que les racines du fameux dĂ©bat de savoir si NapolĂ©on serait plutĂŽt de droite ou de gauche plongent Ă  l'Ă©poque des contemporains de l'empereur. C'est ce texte que vous retrouverez en ligne sur Gallica, par exemple un exemplaire de 1842 du premier tome. Quand il paraĂźt en France, NapolĂ©on est mort depuis deux ans, mais Las Cases a mis du temps Ă  rĂ©cupĂ©rer le recueil que les autoritĂ©s britanniques lui avaient confisquĂ© Ă  son dĂ©part de Sainte-HĂ©lĂšne il devra attendre la mort de l’Empereur pour cela. NapolĂ©on mort au mois de mai, c'est Ă  l'automne 1821 que Las Cases rĂ©cupĂšre son dĂ», pour s'atteler au travail depuis Passy, Ă  Paris, oĂč il a fini par revenir en France, aprĂšs avoir patientĂ© pour obtenir le feu vert du roi de France. Las Cases vivra de cette publication, qu’il Ă©dite Ă  compte d’auteur, dont il se charge personnellement de la distribution
 et qui s’écoule comme des petits pains. Aujourd’hui, on peut entendre dire encore que Le MĂ©morial de Sainte-HĂ©lĂšne fut le deuxiĂšme livre le plus vendu de tout le XIXe siĂšcle aprĂšs la Bible. C’est faux a priori, les Fables de La Fontaine le devancent largement. Mais dans les annĂ©es 1820 et 30, son succĂšs est colossal, au point qu’une indication d’un fils de Las Cases indiquerait que 44 000 exemplaires ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© Ă©coulĂ©s, au milieu des annĂ©es 1840. Ceci en fait bien une des meilleures ventes et un phĂ©nomĂšne record... mais pas sur tout le siĂšcle. Ce succĂšs n’est pas exempt d’un certain sens du marketing, qui n’échappe pas aux contemporains de Las Cases lui va vanter la parole in extenso de son grand homme comme un joyau dont il serait le dĂ©positaire, lĂ  oĂč, dans la presse, on s’interroge dĂ©jĂ , Ă  chaud, sur l’authenticitĂ© de certains guillemets. Mais l’objet a du succĂšs, et Las Cases surfe cette vague lucrative et propre Ă  nourrir le culte de celui au service duquel il avait choisi de rester. En guise de balles neuves, le voilĂ  qui finit par publier huit volumes au total, lestĂ©s de nombreuses descriptions. En fait, des ajouts qui ne figuraient pas dans le manuscrit d’origine, celui qu’il faisait retranscrire au propre Ă  son fils, chaque soir, et qu’il s’était fait confisquer. BlasphĂšme et pot aux rosesUn peu Ă©trangement, il a fallu attendre prĂšs de deux siĂšcles pour que la chose soit mise au jour une copie du manuscrit confisquĂ© puis restituĂ© Ă  Las Cases avait Ă©tĂ© conservĂ©e outre-Manche. Et dormait tranquillement dans le chĂąteau familial des descendants de celui qui avait Ă©tĂ© ministre de la Guerre du temps de la dĂ©faite de NapolĂ©on. Tardivement, ce sont ses hĂ©ritiers qui se sont dĂ©cidĂ©s dans les annĂ©es 1970 Ă  dĂ©poser aux archives les papiers de leur aĂŻeul... dont cette copie du MĂ©morial de Las Cases d’origine, qui replongera aussitĂŽt dans le sommeil, quelque part dans les rĂ©serves de la British Library. Un sommeil de plusieurs annĂ©es, jusqu’à ce qu’un historien, Peter Hicks, s’en aperçoive. Branle-bas de combat dans le monde des spĂ©cialistes de NapolĂ©on on allait savoir si Las Cases avait brodĂ©. Et mĂȘme, si la chose ne tenait pas pour de bon du ventriloquisme. Tant pis pour le suspense la rĂ©ponse est oui. La chose est si flagrante qu’au lieu des huit volumes finalement parus en France, le manuscrit enseveli en comptait seulement quatre. L’historien Thierry Lentz, qui dirige l'Institut NapolĂ©on, et fit partie des quatre historiens partis en Angleterre Ă©plucher les quatre volumes pour pister les diffĂ©rences, estime que Las Cases aurait si bien dĂ©layĂ© que deux tiers du manuscrit tel qu’il sera publiĂ© en 1823 n’étaient pas d’origine. SacrilĂšge ? Lorsque ces quatre historiens, Thierry Lentz, Peter Hicks, François Houdecek et Chantal PrĂ©vot, feront paraĂźtre le manuscrit tel qu’ils le dĂ©nichent en Grande-Bretagne, rehaussĂ© de leur travail scientifique chez Perrin, ils recevront une petite flopĂ©e de messages qui crient au scandale, aprĂšs que Le Figaro a eu dĂ©cidĂ© d’en faire deux pages. Thierry Lentz le racontera dans un entretien vidĂ©o accessible sur le site HĂ©rodote certains les accuseront d’une lecture outrageusement iconoclaste. Car ce qui est passionnant, derriĂšre l’histoire Ă  tiroirs de ce _MĂ©morial _du nom d’un genre qui fait flores en ce dĂ©but de XIXe siĂšcle, c’est que les confidences prĂȘtĂ©es Ă  NapolĂ©on, telles que Las Cases les gravera dans le marbre, ont un sort politique. Et une durĂ©e de vie tout Ă  fait considĂ©rable. En effet, ces propos attribuĂ©s Ă  l’empereur feront par exemple office de brĂ©viaire pour Louis-Bonaparte, dans sa conquĂȘte du pouvoir. On dit mĂȘme que NapolĂ©on III le connaissait par cƓur pour l’avoir Ă©pluchĂ© par le menu, et aspirĂ© comme la sainte-parole. En l’intervalle de trois dĂ©cennies, Le MĂ©morial de Sainte-HĂ©lĂšne Ă©tait devenu la Bible du camp bonapartiste, c’est-Ă -dire Ă  la fois son vade-mecum, un signe de ralliement, une grammaire partagĂ©e, et une marque de lĂ©gitimitĂ©. NapolĂ©on, fils de la RĂ©volutionMais l’usage politique du MĂ©morial est aussi affaire d’image, et de mise en rĂ©cit. Or dans ce que publie Las Cases comme d’ailleurs dans le manuscrit d’origine que Thierry Lentz et ses collĂšgues raconteront avoir auscultĂ©, c’est non seulement une version trĂšs flatteuse du legs de NapolĂ©on qui s’imprime noir sur blanc. Mais, surtout, une image trĂšs libĂ©rale de la sĂ©quence impĂ©riale, qu’on dĂ©couvre au fil des nombreux volumes qui font l’effet de ce qu’on appellerait aujourd’hui un vaste disclaimer, Ă  mi-chemin entre le dĂ©menti et le manifeste a posteriori. Une sorte de tĂ©moignage pro domo en somme, qui a vocation Ă  irradier pour ciseler la postĂ©ritĂ©. L’égalitĂ© et la libertĂ© chevillĂ©es au pouvoir, NapolĂ©on y apparaĂźt ouvertement libĂ©ral, progressiste ce qu’on y lit relĂšve dĂ©jĂ  de la version, qui lui survivra, de NapolĂ©on, fils de la RĂ©volution. C'est un contre-rĂ©cit qui se prĂ©sente en contraste avec la Restauration. Parce qu’on y lit par exemple que l’Empire portait en son sein la paix, et que NapolĂ©on n’a voulu aucune des guerres qui l’ont bien occupĂ©, on voit aussi que le MĂ©morial trame au fond une narration a posteriori, un rĂ©cit façonnĂ©, et sans doute commode. Etonnamment, c'est plus souvent Ă  ce MĂ©morial qu'on se rĂ©fĂšre qu'aux MĂ©moires, que NapolĂ©on a pourtant publiĂ©es en parallĂšle, et dictĂ©es de son vivant. Justement parce que la lĂ©gende y est gĂ©nĂ©reusement servie, et au fond un brin flatteuse ? Ou plutĂŽt parce que la dimension dialoguĂ©e, et l'idĂ©e qu'il se soit trouvĂ© un grand tĂ©moin pour jouer les passeurs rĂ©hausse l'objet d'une portĂ©e documentaire ? Il est certain que le camp bonapartiste mobilisera cette lecture de ce que fut l’Empire, en quĂȘte de rĂ©habilitation aprĂšs les accusations d’autoritarisme, le fiasco des Cent jours antisĂšche, on est sympa de mars Ă  juillet 1815, ou la dĂ©faite de Waterloo encore un post-it c'Ă©tait le 18 juin 1815. Mais ce qui frappe peut-ĂȘtre encore davantage aujourd’hui, c’est que l’historiographie elle-mĂȘme s’est laissĂ©e irriguĂ©e par cette prĂ©sentation d’une vision mise dans la bouche de NapolĂ©on. Ca tient au statut du MĂ©morial bien que publiĂ© comme une offensive Ă©ditoriale par l'un de ses plus fidĂšles, le livre a finalement rapidement Ă©tĂ© considĂ©rĂ© par les historiens comme ce qu’on appelle, dans le jargon du champ acadĂ©mique, “une source primaire”. C’est-Ă -dire un document de premiĂšre main. Or il l’est assurĂ©ment, et d’une maniĂšre considĂ©rable
 mais plutĂŽt pour comprendre ce qu'Emmanuel Las Cases a bien pu vouloir restituer de la parole napolĂ©onienne. Pas comme un verbatim sans filtre ni intermĂ©diaire habile. Compte tenu de la dimension spectaculaire des ajouts et du dĂ©calage entre le manuscrit d’origine retrouvĂ© en Grande-Bretagne et celui qui fut longtemps prĂ©sentĂ© comme la parole vĂ©nĂ©rable, la nuance est de taille on est loin du missel. Or ce que les quatre historiens qui ont passĂ© au peigne fin les quatre volumes outre Manche ont pu souligner, en 2017, c’est que parmi les ajouts et autres circonvolutions de Las Cases qui tend Ă  tirer Ă  la ligne, les passages politiques sont prĂ©cisĂ©ment particuliĂšrement nombreux. C’est donc en partie Ă  partir une lĂ©gende cousue main que les historiens de la fin du XIXe et du dĂ©but du XXe siĂšcle ont souvent travaillĂ©. Pour autant, Las Cases n’a certes pas inventĂ© le NapolĂ©on libĂ©ral dĂšs la premiĂšre version, contemporaine de l’exil Ă  Saint-HĂ©lĂšne, on voit que NapolĂ©on a en quelque sorte validĂ© le fait de relater ses annĂ©es au pouvoir dans cette gamme-lĂ . Il a ainsi co-construit cette histoire libĂ©rale de lui-mĂȘme. Dans cette mesure au moins, et aussi pour cette histoire Ă  rebondissements, Le MĂ©morial de Sainte-HĂ©lĂšne reste ainsi une trace historique intĂ©ressante, qui documente comme rarement les annĂ©es d’exil, et les rapports entre l’empereur dĂ©fait et le Royaume d’Angleterre. Vous trouvez cet article intĂ©ressant ? Faites-le savoir et partagez-le. Les gardiens de NapolĂ©onLe 8 juillet 1817, le comte Balmain envoie, comme d’habitude, un rapport au comte de Nesselrode concernant, cette fois, l’arrivĂ©e du navire Conqueror » "Le 1er bataillon du 66e d’infanterie est arrivĂ© il y a quinze jours Ă  Sainte-HĂ©lĂšne pour y relever le 2e bataillon d’infanterie. 1 »Rapport de Balmain 1 Lors de l’arrivĂ©e de l’Empereur Ă  Sainte-HĂ©lĂšne, on y comptait que cinq cents Blancs, y compris la garnison, composĂ©e d’un bataillon d’infanterie fort de cent soixante hommes, et d’une compagnie d’artillerie au service de la Compagnie des Indes. Le nombre des esclaves Ă©tait d’environ trois cents NĂšgres, neuf cents Chinois ou Lascars ; ces derniers avaient Ă©tĂ© importĂ©s pour le service spĂ©cial de Longwood. La garnison s’élevait, pour la garde de l’Empereur, Ă  plusieurs milliers d’hommes, Ă  savoir le bataillon d’infanterie et l’artillerie de la Compagnie des Indes, deux rĂ©giments d’infanterie du roi, un escadron de dragons, un dĂ©tachement de mineurs, sapeurs et ouvriers du gĂ©nie, et une compagnie d’artillerie royale, plus onze bĂątiments de guerre ayant Ă  bord garnison de soldats de marine. La dĂ©pense de la garde et de l’entretien de l’Empereur coĂ»tait au gouvernement anglais huit millions de francs par an, sans compter les dĂ©penses extraordinaires nĂ©cessitĂ©es par les besoins d’une garnison si disproportionnĂ©e aux ressources du sol. » Merci Ă  Diana Balmain, Sainte-HĂ©lĂšne, 29 juin 1816. Toute entreprise du dehors contre cette Ăźle serait en pure perte – je crois pouvoir l’assurer dĂšs Ă  prĂ©sent. La nature y a mis les premiers et les plus grands obstacles, et le gouvernement anglais ne cesse d’y ajouter des moyens de dĂ©fense, dont la plupart mĂȘme paraissent inutiles. Trois rĂ©giments d’infanterie, cinq compagnies d’artillerie, un dĂ©tachement de dragons pour le service d’un Ă©tat-major assez considĂ©rable forment le gros de la garnison. Deux frĂ©gates, dont l’une de cinquante piĂšces, quelques brigs et chaloupes gardent la mer, Le nombre des canons disposĂ©s sur les cĂŽtes et dans l’intĂ©rieur du pays est effrayant. 
.Cet Ă©tat de chose a privĂ© Sainte-HĂ©lĂšne d’un grand moyen d’existence la pĂȘche. Elle ne se fait maintenant que le jour, et le poisson devient aussi rare que la viande fraĂźche. Je ne veux pas, Monsieur le comte, hasarder une opinion sur toutes ces mesures de sĂ»retĂ© rĂ©elle. Une Ăźle dĂ©tachĂ©e du reste de la terre, oĂč l’on n’entre que d’un seul cĂŽtĂ©, oĂč les rochers sont entassĂ©s les uns sur les autres et forment des prĂ©cipices Ă  chaque pas, pourrait, ce me semble, ĂȘtre gardĂ©e par un mode plus simple, et Ă  beaucoup moins de frais. Merci Ă  Diana 1820 - Sainte-HĂ©lĂšne, Octave Aubry L'Ăźle semblait oublier l'existence des Français. On disait seulement aux voyageurs de passage que lĂ -haut, sur cette plate-forme entourĂ©e d'abĂźmes oĂč, entre deux coulĂ©es de soleil dansaient des brouillards, un prisonnier vivait derriĂšre ses murs de gazon et ses feuillages avec ses derniers serviteurs. Et ces marins, ces magistrats, qui, de l'ExtrĂȘme-Orient retournaient vers les hĂąvres de l'Europe, y portaient leur surprise que, pour garder ce captif sans espĂ©rance, il fallĂ»t tant de soldats, de navires et de canons. Voyez aussi, dans les documents - les prĂ©cautions prises contre l'Ă©vasion. - la proclamation de Hudson Lowe - juin 1816. - Bathurst et le budget de Longwood - les suites, en 1817. NapolĂ©on LES ESPOIRS DE NAPOLÉON A SAINTE HELENE - MĂ©decin GĂ©nĂ©ral R. BRICE - 1938 Merci Ă  Diana AVANT-PROPOS. On croit gĂ©nĂ©ralement que NapolĂ©on supporta la captivitĂ© de Sainte-HĂ©lĂšne parce qu’il l’estimait utile Ă  la cause de son fils. Cette opinion se fonde sur un propos rapportĂ© dans le MĂ©morial Il n’y a que son martyre qui puisse rendre la couronne Ă  ma dynastie ». Ces paroles n’étaient que de surface. NapolĂ©on ne s’est jamais rĂ©signĂ©. Selon la loi commune aux prisonniers, il aspirait ardemment Ă  la libertĂ©. C’est sur ces espoirs de dĂ©livrance que l’historien doit braquer son objectif s’il veut donner une image exacte du captif des Anglais. Le problĂšme de la dĂ©livrance comportait diverses solutions une amnistie politique, une Ă©vasion ou un enlĂšvement. Les ennemis du vaincu se refusaient Ă  toute indulgence. Les plans d’évasion ne servirent qu’à alimenter des conversations sur lesquelles planait l’ennui. Les coups de main que projetĂšrent d’anciens soldats avortĂšrent avant de pouvoir ĂȘtre tentĂ©s. Au cours de la captivitĂ© de Sainte-HĂ©lĂšne, les Ă©vĂ©nements sont menus, et, en apparence, anodins. L’action se dĂ©veloppe en profondeur; derriĂšre le conflit des caractĂšres se livre une bataille souterraine oĂč s’entrechoquent les dĂ©sirs, les espoirs, les craintes, la lĂąchetĂ©, les convoitises, l’ambition et la haine. Celui qui fut le dieu de la guerre, le Potentat qui dictait ses ordres Ă  l’Europe n’est plus qu’un homme. DĂ©primĂ© par le malheur, il ne reprit courage de vivre que pour ĂȘtre assailli par la maladie Ă  laquelle il succomba. L’histoire de NapolĂ©on prisonnier appartient aux psychologues et aux mĂ©decins. » PhotographiĂ© au musĂ©e de l'Ăźle d'Aix L'Empereur face Ă  ses gardiens. Rester Empereur! Les espoirs de NapolĂ©on Ă  Sainte-HĂ©lĂšne -p 82 - MĂ©decin GĂ©nĂ©ral R. BRICE - 1938 "Puisque les Anglais le ramenaient au simple rang de gĂ©nĂ©ral, il allait dĂ©sormais se comporter en empereur. Foin de la simplicitĂ© et de la bonhomie! Il ne recevrait plus de visites; il accorderait des audiences. Personne ne parviendrait jusqu'Ă  lui s'il ne se pliait aux rĂšgles d'un protocole aussi strict que celui des palais impĂ©riaux. Jamais il ne correspondrait lui-mĂȘme avec quiconque ne serait pas son Ă©gal c'est-Ă -dire monarque ou chef d'État. Il ne formulerait de rĂ©clamation, ne consentirait une autorisation, n'opposerait de refus que par l'intermĂ©diaire de son Grand MarĂ©chal ou de ses gĂ©nĂ©raux. " ... "Il exigea d'eux les mĂȘmes Ă©gards que lorsqu'il Ă©tait sur le trĂŽne des Tuileries. Contre ceux qui auraient Ă©tĂ© tentĂ©s de le traiter trop familiĂšrement, il opposa les barriĂšres de l'Ă©tiquette . Nul ne fut admis Ă  pĂ©nĂ©trer auprĂšs de lui sans y voir Ă©tĂ© conviĂ© ou sans l'avoir sollicitĂ©; nul ne fut introduit s'il n'Ă©tait en grande tenue de gĂ©nĂ©ral ou de chambellan; nul ne put, sans sa permission, s'asseoir en sa prĂ©sence. " Octave Aubry, "La captivitĂ© de NapolĂ©on" , p 111. "Il ne lui importe que de sauvegarder sa dignitĂ©, son titre. Puisqu'on lui dĂ©nie ce titre, proclamĂ© par un pape et qui depuis dix ans s'Ă©tale dans les protocoles europĂ©ens, puisqu'on prĂ©tend le traiter en gĂ©nĂ©ral rebelle, il a rĂ©solu d'imposer dans les faits, par la seule attitude, sa qualitĂ© de souverain. On espĂšre en vain le rĂ©duire au nom de Bonaparte, il sera pour tous, en toute occasion et jusqu'Ă  son dernier souffle, l'empereur NapolĂ©on. " L'affaire de l'argenterie - 1816 L'affaire de l'argenterie tire son origine des instructions de Bathurst relatives aux dĂ©penses de Longwood "Diminuer fortement les dĂ©penses de la table et de la maison du prisonnier, de telle sorte qu'elles ne dĂ©passent pas 8 000 livres [192 000 francs] par an, en y comprenant les vins et l'extraordinaire, de quelque genre que ce soit. Dans le cas oĂč le gĂ©nĂ©ral se plaindrait des retranchements que pourraient occasionner cette modification, il vous sera loisible de lui permettre tout le superflu qu'il dĂ©sirera, pourvu qu'il fournisse les fonds nĂ©cessaires pour couvrir les dĂ©penses au-delĂ  de 8 000 livres. D'aprĂšs ce que j'ai appris, les moyens pĂ©cuniaires ne lui manquent pas." Or les dĂ©penses pour l'annĂ©e 1816, au mois de juillet, approchaient dĂ©jĂ  les 20 000 livres 480 000 francs. Gaspillages Ă  grande Ă©chelle, volontĂ© de maintenir Ă  Longwood un certain train de vie, trafics, prix consĂ©quents exigĂ©s par Balcombe et ses commis, mauvaises conditions de conservation de la nourriture entraĂźnant d'inĂ©vitables pertes expliquaient largement de pareils chiffres. Lowe prit acte des ordres du ministĂšre et en avertit NapolĂ©on par l'intermĂ©diaire de Montholon et de Bertrand. L'accueil fut on ne peut plus froid mais pas parce que NapolĂ©on Ă©tait incapable de fournir les fonds nĂ©cessaires. L'Empereur disposait en effet de sommes Ă©normes en Europe, notamment par exemple auprĂšs du banquier Laffitte chez qui il possĂ©dait pas moins de quatre millions de francs et on pourrait poursuivre la liste des fonds susceptibles de servir aux dĂ©penses de Longwood. NapolĂ©on affirma ĂȘtre d'accord pour puiser dans cette manne mais Ă  la condition que la correspondance nĂ©cessaire aux transactions futures ne soit pas sujette Ă  la surveillance de Lowe. Pour le gouverneur, il Ă©tait bien sĂ»r hors de question que l'Empereur entretienne des relations avec l'Europe sans qu'il puisse avoir un regard sur la nature exacte des Ă©changes. C'Ă©tait l'impasse. De son cĂŽtĂ©, Lowe prit sur lui d'Ă©lever la valeur maximale des dĂ©penses Ă  12 000 livres 288 000 francs ; ce qui correspondait d'ailleurs Ă  son propre traitement, pendant que NapolĂ©on acceptait de rĂ©duire le nombre des domestiques anglais, de diminuer la consommation de vin ; mais refusait de toucher aux dĂ©penses concernant les vivres et Ă©crivait "S'il apparaĂźt absolument nĂ©cessaire de restreindre les dĂ©penses pour la table, l'Empereur vendra une partie de sa vaisselle." Lowe campant sur ses positions, NapolĂ©on fit exĂ©cuter sa menace. La manƓuvre Ă©tait ici toute diplomatique. Il s'agissait d'indigner l'opinion europĂ©enne et exciter la pitiĂ©, avec au final l'espoir du retour sur le vieux continent. Le 10 octobre, O'Meara avertissait "Il espĂšre inspirer de la haine pour le gouverneur, en disant qu'il a Ă©tĂ© obligĂ© de vendre sa vaisselle plate pour ne pas mourir de faim ; il me l'a dit lui-mĂȘme que tel Ă©tait son but." Le 15 octobre, aprĂšs avoir pris soin de limer les armes et d'ĂŽter les aigles, 952 onces furent brisĂ©s et vendus. Deux autres ventes suivirent le 15 novembre 1 227 onces et le 30 dĂ©cembre 1816 2 048 onces. Le sacrifice de la vaisselle rapporta 25 577 francs. En vĂ©ritĂ©, Cipriani n'avait brisĂ© qu'une partie de l'argenterie. Le restant fut gardĂ© pour le service de l'Empereur, Montholon, afin que la manƓuvre fĂ»t plus crĂ©dible, achetant Ă  Jamestown un service en mauvaise faĂŻence. Si le stratagĂšme ne permit par le retour de l'exilĂ© de Sainte-HĂ©lĂšne en Europe, le bris de la vaisselle avait tout de mĂȘme fait grand bruit. Ainsi, Bathurst approuva finalement l'initiative de Lowe concernant les 12 000 livres de dĂ©penses, l'autorisa Ă  faire toutes dĂ©penses supplĂ©mentaires jugĂ©es nĂ©cessaires et Ă  laisser NapolĂ©on envoyer une lettre scellĂ©e Ă  un banquier afin d'obtenir l'envoi de fonds. Ce dernier point parut trop dangereux Ă  Lowe qui se garda bien d'en informer l'Empereur. Les problĂšmes de financement furent finalement rĂ©glĂ©s par l'envoi clandestin par NapolĂ©on d'ordres par lesquels le compte de Bertrand fut crĂ©ditĂ© de 120 000 francs annuels ; ce qui permit Ă  ce dernier de tirer chaque mois 10 000 francs. Cyril Drouet On m'observe - je me cache. - Sainte-HĂ©lĂšne, Octave Aubry, Une fantaisie de NapolĂ©on avait fort alarmĂ© Lowe. Etant dans son jardin en jaquette de toile et chapeau de paille un matin de mai, il avait montĂ© Ă  cheval sans changer de costume et, suivi d’Archambault, fait un temps de galop en direction de Deadwood. Par instants il s’arrĂȘtait et, lorgnette en main, regardait le paysage. Cette Ă©trange sortie inquiĂ©ta Lowe. Quand il l’apprit, l’Empereur s’amusa Ă  faire endosser des vĂȘtements pareils Ă  l’abbĂ© Vignali qui avait Ă  peu prĂšs sa taille, et il lui recommanda d’aller Ă  cheval Ă  travers le plateau, accompagnĂ© d’un piqueur, assez vite pour qu’on ne pĂ»t le reconnaĂźtre et qu’on crĂ»t qu’il Ă©tait NapolĂ©on, d’autant qu’il prendrait soin, par moments, d’observer comme l’Empereur les environs Ă  la lunette. Vignali obĂ©it avec adresse. L’officier de surveillance Luytens qui l’épiait s’y trompa et ne reconnut qu’ensuite son erreur. Plantation House en trembla. Reade, Gorrequer, Lowe coururent Ă  Longwood. Luytens fut tancĂ© d’importance. NapolĂ©on, pensait Lowe, en dressant l’abbĂ© Ă  le personnifier au dehors tandis qu’il demeurait chez lui, prĂ©parait sa fuite. Vignali paraderait Ă  cheval en pleine vue des Anglais alors que le prisonnier aurait dĂ©jĂ  gagnĂ© quelque coin secret oĂč il attendrait le dĂ©barquement de ses libĂ©rateurs. Cette plaisanterie, Ă  laquelle NapolĂ©on ne donnait aucune importance, coĂ»ta Ă  Lowe le sommeil de bien des nuits. L'entourage de NapolĂ©on. Un exilĂ© bien entourĂ© Merci Ă  Fulub A Sainte HĂ©lĂšne, NapolĂ©on tient Ă  conserver une certaine Ă©tiquette, ce qui a le don d'exaspĂ©rer les anglais. Outre ALI, qui occupe les fonctions de valet de chambre et de copiste, sont attachĂ©s au service de NapolĂ©on MARCHAND, en qualitĂ© de premier valet de chambre, le suisse NOVERRAZ, valet de chambre, et le corse SANTINI, huissier. Pour la livrĂ©e sont prĂ©vus deux piqueurs ARCHAMBAULT, cadet, ainsi que GENTILLY, valet de pied. Pour la bouche officient CIPRIANI, maĂźtre d'hĂŽtel, PIERRON,officier, LEPAGE, cuisinier et ROUSSEAU,argentier. A Longwood, ALI gĂšre la bibliothĂšque de l'Empereur. C'est lui qui recopie les notes trop gribouillĂ©es de LAS CASES celui ci souffre d'une mauvaise vue consignant les paroles de NapolĂ©on. LOUIS MARCHAND veille Ă  tout et surtout Ă  la santĂ© de l'Empereur. Servant d'infirmier, s'occupant de la toilette, des vĂȘtements et de la nourriture, il est aussi lecteur, copiste et secrĂ©taire, comme Ali. DĂšs 1817, inquiet de l'Ă©tat de santĂ© de NapolĂ©on dĂ©chu, il Ă©crit "La santĂ© de l'Empereur s'altĂ©ra visiblement et une grande force morale seulement lui faisait supporter les ennuis de la captivitĂ©". Efficace, profondĂ©ment dĂ©vouĂ© "Les services qu'il m'a rendus sont ceux d'un ami" Ă©crira NapolĂ©on dans son testament. Comte de Balmain – LE PRISONNIER DE SAINTE-HÉLÈNE – ArlĂ©a Paris juin 2006 On dit Ă  Sainte-HĂ©lĂšne que ce sont les entours de Bonaparte qui, par leurs scĂšnes et les rapports qu’ils lui font, influent sur son humeur et sa conduite en gĂ©nĂ©ral. Cela me paraĂźt douteux. Ce qu’il y a de sĂ»r, c’est que tous les Français se haĂŻssent cordialement. Chacun veut ĂȘtre le favori du maĂźtre et vise Ă  la direction des grandes affaires de Longwood. De lĂ  naissent, entre eux, des scĂšnes d’un ridicule achevĂ©. Montholon, chargĂ© de l’extĂ©rieur du palais, envie Ă  Bertrand sa partie de l’intĂ©rieur. Gourgaud, las de parader en sa qualitĂ© d’aide de camp gĂ©nĂ©ral dans une antichambre, voit avec dĂ©plaisir les occupations plus sensĂ©es de Las Cases. Celui-ci, pour ne lui cĂ©der en rien, s’essaie, aux heures de promenades, Ă  dompter un cheval ; une taille de nain, un air gauche et patelin ne le dĂ©goĂ»tent pas de cet exercice. Il se casserait le cou plutĂŽt que d’y renoncer. C’est en s’aveuglant ainsi sur leur position que ces malheureux exilĂ©s, qu’on estimerait s’ils avaient un esprit de corps, deviennent la risĂ©e de tout le monde. Bertrand est un homme faible et bon, toujours triste et souvent dĂ©solĂ©. Sa femme l’a vivement pressĂ© de s’établir en Angleterre pour se rapprocher de Paris. SubjuguĂ© par Bonaparte, il n’a pu se dĂ©cider Ă  quitter Sainte-HĂ©lĂšne. Montholon n’est qu’un pauvre sujet ; il s’est embarquĂ© Ă  Rochefort avec son maĂźtre moins par attachement et reconnaissance que parce qu’il Ă©tait perdu de dettes en France. À Longwood, il se croit un personnage, et passe pour un menteur dĂ©terminĂ©. Gourgaud, neveu de Dugazon, le comĂ©dien, est un officier de fortune, brave et fanfaron. Il ne se mĂȘle pas d’intrigues, mais est tapageur, fat et suffisant. C’est tout ce qu’on peut en dire. Las Cases a fait Ă  Bonaparte le sacrifice de sa libertĂ© sans y ĂȘtre engagĂ© pour un motif d’intĂ©rĂȘt. Ce ne fut en lui qu’un mouvement de gĂ©nĂ©rositĂ© ; peut-ĂȘtre aussi le dĂ©sir de laisser Ă  sa postĂ©ritĂ© une histoire exacte et dĂ©taillĂ©e de son hĂ©ros. Il y a quelques inconsĂ©quences dans sa conduite, mais cela est rachetĂ© par un mĂ©rite rĂ©el et des talents. Piontowski Ă©tait simple lancier polonais Ă  l’üle d’Elbe. NapolĂ©on pour rĂ©compenser sa fidĂ©litĂ©, le fit capitaine, officier d’ordonnance et chevalier de la LĂ©gion d’honneur. C’est un garçon fort doux, dont personne ne se plaint ; on le traite Ă  Longwood avec mĂ©pris. Je ne conçois pas ce qui a pu le dĂ©terminer Ă  s’expatrier. O’Meara est l’agent secret de sir Hudson Lowe Ă  Longwood. Ce mĂ©decin est un homme adroit et circonspect. Il informe Bonaparte de ce qui se fait dans l’üle pour avoir accĂšs auprĂšs de lui. En mĂȘme temps, il tient registre de ses moindres actions et paroles sans en avoir l’air ; il se fourre partout, et c’est par lui qu’on apprend une infinitĂ© de dĂ©tails qui intĂ©ressent plus ou moins la surveillance. Poppleton est un capitaine du 53e rĂ©giment d’infanterie commis Ă  Longwood pour y rĂ©pondre de Bonaparte. Il est logĂ© prĂšs de lui. Il le voit d’obligation tous les jours. Il en donne matin et soir des nouvelles par signaux au gouverneur, et, si Bonaparte passe son enceinte, Poppleton le suit et ne le perd plus de vue. Ce pauvre homme, qui ne sait que la guerre et n’a aucune idĂ©e des convenances, est la bĂȘte d’aversion de tous les prisonniers français. » Merci Ă  Diana Montholon, RĂ©cit de la captivitĂ© de Sainte-HĂ©lĂšne, Avant de quitter Longwood en juillet 1817, le capitaine Poppleton reçut cependant une lettre du grand marĂ©chal, qui lui remit de la part de l’Empereur une tabatiĂšre en tĂ©moignage de satisfaction de son service Ă  Longwood comme officier d’ordonnance. Cette fonction Ă©quivalait Ă  celle de commandant de place. Le capitaine reçut aussi quelques bijoux en prĂ©sent pour Mme Poppleton. Merci Ă  Diana Anecdotes de la vie quotidienne. Les dictĂ©es de NapolĂ©on. Nous vivrons du passé» DictĂ©e Ă  Las Cases de William Quiller Orchadson merci Ă  Fortune Comment en est venue l'idĂ©e... Extrait de Bordonove, NapolĂ©on vers Sainte-HĂ©lĂšne - Ă  bord du Bellerophon, p 147-149. NapolĂ©on ne trouvait d'apaisement et de consolation qu'auprĂšs de Las Cases. Hier encore presque un inconnu, mais si cultivĂ©, si prĂ©venant et rempli d'une telle bonne volontĂ©, qu'il recherchait de plus en plus sa compagnie. Las Cases Ă©tait aussi son aĂźnĂ© d'un an; une existence traversĂ©e de revers lui avait donnĂ© de l'expĂ©rience et l'Ăąge attĂ©nuait ses ardeurs. NapolĂ©on lui avait demandĂ© un soir, avec cette timiditĂ© qu'il savait avoir et qui Ă©tait comme la pudeur d'une amitiĂ© naissante, s'il accepterait de le suivre en exil. Las Cases avait rĂ©pondu Sire, en quittant Paris pour vous suivre, j'ai sautĂ© Ă  pieds joints sur toutes les chances, celle de Sainte-HĂ©lĂšne n'a rien qui doive la faire excepter
 
" DĂšs lors comment s'Ă©tonner que, non seulement Las Cases fĂ»t dĂ©signĂ© des tout premiers, mais que l'Empereur le fĂźt appeler chaque fois qu'il avait envie de converser calmement. "Sire, le poĂšte, le philosophe ont dit que c'est un spectacle digne des dieux que de voir l'homme aux prises avec l'infortune! Les revers et la constance ont aussi leur gloire! Un aussi noble et grand caractĂšre que le vĂŽtre ne peut s'abaisser au niveau des Ăąmes les plus vulgaires. Vous qui nous avez gouvernĂ©s avec tant de gloire, fait l'admiration et le destin du monde, vous ne pouvez finir comme un joueur au dĂ©sespoir ou comme un amant trompĂ©. Que deviendront ceux qui croyaient, qui espĂ©raient en vous? Abandonnerez-vous sans retour un champ libre Ă  vos ennemis? L'extrĂȘme dĂ©sir que ceux-ci en font Ă©clater ne suffit-il pas Ă  vous dĂ©cider Ă  la rĂ©sistance? D'ailleurs, qui connaĂźt les secrets du temps? Qui oserait affirmer l'avenir? Que ne pourrait amener le simple changement d'un ministĂšre, la mort d'un prince, celle d'un de ses confidents, la plus lĂ©gĂšre passion, la plus petite querelle
" Las Cases s'exprimait avec aisance, non sans grandiloquence parfois, Ă©tant de son Ă©poque! En tout cas, ce sont les paroles mĂȘmes qu'il s'attribue dans le MĂ©morial. Mais, en supposant qu'il les ait un peu arrangĂ©es, trĂšs certainement il dĂ©veloppa la plupart de ces arguments. Certaines de vos paroles ont leur intĂ©rĂȘt, dit l'Empereur. Mais que pourrions-nous faire dans ce lieu perdu? - Sire, nous vivrons du passĂ©; il a de quoi nous satisfaire. Ne jouissons-nous pas de la vie de CĂ©sar, de celle d'Alexandre? Nous possĂ©derons mieux, vous vous relirez. Sire!" Ah! Le flatteur, l'habile courtisan! Ce ne sera pas sans motif que ses compagnons le surnommeront bientĂŽt l'Extase! Mais enfin, l'essentiel venait d'ĂȘtre dit, la menue graine Ă©tait semĂ©e de ce qui deviendrait l'unique raison de vivre de l'Empereur et son dernier baume l'Ɠuvre immense des dictĂ©es de Sainte- HĂ©lĂšne! Eh bien! dit-il sans grande conviction, nous Ă©crirons nos MĂ©moires. Oui, il faudra travailler; LE TRAVAIL AUSSI EST LA FAUX DU TEMPS. AprĂšs tout, on doit remplir ses destinĂ©es, c'est aussi ma grande doctrine. Eh bien! Que les miennes s'accomplissent!
" ChĂȘne en face des trois petits escaliers menant Ă  la salle de billard cĂŽtĂ© jardin sous lequel NapolĂ©on dictait - ici au jeune Las Cases dessin de Chasselas Merci Ă  BBea pour le document et la photographie. Les Ă©crits en question le MĂ©morial de Las Cases, le journal de Gourgaud, les Cahiers de Bertrand, les MĂ©moires de Marchand, l'histoire de la captivitĂ©, de Montholon NapolĂ©on ne connaissait pas le contenu du MĂ©morial de Las Cases, ne l'ayant pas lu. Alors que, concernant les MĂ©moires qu'il dictait Ă  ses officiers, elles furent dĂ»ment lues relues et corrigĂ©es et transcrites par Ali. Ces mĂ©moires furent publiĂ©es en 1823 sous le titre MĂ©moires pour servir Ă  l'histoire de France sous NapolĂ©on, Ă©crits Ă  Sainte HĂ©lĂšne par les gĂ©nĂ©raux qui ont partagĂ© sa captivitĂ©. A part ces Ă©crits, certains acteurs de la captivitĂ© ont laissĂ© leur tĂ©moignage personnel. Ces tĂ©moignages ne furent bien entendu pas faits sous la dictĂ©e impĂ©riale, ni mĂȘme pour certains Ă©crits lors de la captivitĂ©, et ne sont donc pas exempts d'erreurs, surtout s'ils furent mis en forme plusieurs annĂ©es aprĂšs les faits. Albertuk La vie sociale Voici ce qu'en dit Joseph de Mougins-Roquefort dans son ouvrage "NapolĂ©on prisonnier vu par les Anglais". "L'Empereur invitait volontiers Ă  venir le voir ou mĂȘme Ă  s'asseoir Ă  sa table les habitants de l'Ăźle, officiels, particuliers, marins ou soldats, qui lui Ă©taient sympathiques et dont il apprĂ©ciait la compagnie pour leurs maniĂšres civiles et pour la dĂ©fĂ©rence qu'ils lui tĂ©moignaient. Les audiences se dĂ©roulaient dans le salon de Longwood, parfois dans le jardin, aprĂšs que les visiteurs avaient attendu, dans la salle de billard, leur convocation. NapolĂ©on questionnait beaucoup, Ă©coutait Ă  peine les rĂ©ponses, et se plaisait parfois Ă  Ă©gayer l'entrevue par quelques saillies qui avaient un certain succĂšs. Assez nombreuses au dĂ©but de la captivitĂ©, les visites, soit qu'elles fussent contrariĂ©es par Lowe, soit que vers la fin de sa longue Ă©preuve, l'Empereur, souffrant et dĂ©sabusĂ© , n'en attendit plus rien de bon, se rarĂ©fiĂšrent bientĂŽt, puis cessĂšrent presque complĂštement. La liste complĂšte des visiteurs de Longwood a Ă©tĂ© dressĂ©e par le docteur A. Chaplin. On y retrouve plusieurs fois les mĂȘmes noms de ceux, trĂšs rares, qu'on pourrait appeler les "favoris" de l'Empereur; mais l'ensemble ne constitue pas une bien longue nomenclature." Parmi les autochtones, on peut citer entre autres, le colonel Wilks qui rĂ©sidait Ă  Sainte-HĂ©lĂšne depuis deux ans et y reprĂ©sentait la Compagnie des Indes; Mr Thomas H. Brooke qui exerçait dans l'Ăźle les fonctions de SecrĂ©taire du conseil, puis qui devint gouverneur intĂ©rimaire. Le major Hodson qui occupait dans la magistrature locale les fonctions de juge-avocat et qui devait son grade Ă  ses fonctions dans la milice de Sainte-HĂ©lĂšne. Le RĂ©vĂ©rend Vernon qui baptisa la petite HĂ©lĂšne de Montholon, nĂ©e le 18 juin 1816 et le petit Arthur Bertrand, nĂ© le 17 janvier 1817 et qui officia aux obsĂšques de Cipriani, le 26 fĂ©vrier 1818. On peut Ă©galement signaler que lors de ses excursions dans l'ĂŻle, notamment Ă  Mount Pleasant, NapolĂ©on eut des contacts avec la population locale. Voyez Ă  ce sujet la visite Ă  William Doveton Merci Ă  Joker Les vivres FrĂ©dĂ©ric Masson "Autour de Sainte-HĂ©lĂšne". Pour les vivres, peu ou point de lĂ©gumes du pays; le peu qu'on en cultivait Ă©tait dĂ©vorĂ© par les rats ou brĂ»lĂ©s par le soleil. Toute la viande, boeuf, veau et mouton, arrivait sur pied du BrĂ©sil ou du Cap de Bonne-EspĂ©rance, aprĂšs trois semaines ou un mois de navigation; les meilleurs morceaux Ă©taient prĂ©levĂ©s pour le gouverneur, dont la table Ă©tait supĂ©rieurement servie. Une seule ressource, le porc, de race chinoise, excellent en cĂŽtelettes, en boudins et en saucisses. Pour la basse-cour, poulets, dindons et oies Ă©taient aussi maigres que les boeufs, veaux et moutons, sans les mĂȘmes raisons, et on ne parvenait pas Ă  les engraisser. TrĂšs peu de gibier, quelques perdrix rouges, si Gourgaud, Piontkowski ou Santini arrivaient Ă  en tuer, mais cette rĂ©serve vite usĂ©e, et plus de chasseur aprĂšs leur dĂ©part. Un faisan faisait Ă©vĂ©nement mais il n'y en avait que pour le gouverneur. Aucun des bons poissons d'Europe ni huĂźtres, ni coquillages, ni homards, ni Ă©crevisses; seulement un poisson que les Français appelaient bonne femme, et un autre, trĂšs long et mince, qu'ils nommaient anguille; des petits maquereaux secs et de mauvais goĂ»t; tout le reste, en gros poisson, comparable Ă  du chien de mer. Point de fruits du sol les oranges et les citrons mĂ»rissent mal; les abricots et le raisin sans saveur; des bananes seulement qui, marinĂ©es dans du rhum, servaient Ă  des entremets de friture. Des poires et des pommes arrivaient du Cap, mais elles Ă©taient de mauvais goĂ»t. La farine, de deux sortes, Ă©galement mauvaises celle qui venait d'Europe gardant le goĂ»t Ă©chauffĂ© qu'elle avait pris pendant la traversĂ©e; celle qui venait du Cap, moulue sous de mauvaises meules, croquant sous la dent Ă  cause du sable qu'elle contenait. Le pain par suite Ă©tait dĂ©testable. [...] Tout ce qui arrive d'Europe sent le vieux, aprĂšs des mois de navigation; macaroni, fromage de Parmesan, beurre surtout, malgrĂ© qu'il soit salĂ©; il faut, pour le rendre mangeable, le laver Ă  plusieurs reprises et l'Ă©ponger. Les truffes et les champignons arrivent entiĂšrement usĂ©s dans des bouteilles de conserve; point de glace, par suite impossibilitĂ© de conserver la viande, qu'on fournit pour trois ou quatre jours et dont, gĂ©nĂ©ralement, un tiers est pourri; impossibilitĂ© ou presque de faire des gelĂ©es d'entrĂ©es et d'entremets et de la cuisine. Chautar l'auteur des MĂ©moires de Santini "...Le linge mĂȘme lui Ă©tait fourni avec une rĂ©serve telle, qu'il fut souvent forcĂ© de prendre ses repas sans nappe ni serviette...Et quels repas ! Des vivres constamment avariĂ©s, des vins aigris, de l'eau saumĂątre; et encore tout cela en si petite quantitĂ©, que la nourriture aurait constamment manquĂ© Ă  l'Empereur si Santini voyant que son maĂźtre n'avait pas de quoi dĂźner, n'Ă©tait allĂ© voler des petits cochons de lait et des moutons sauvages, appartenant Ă  la Compagnie des Indes..." Santini allait souvent au Mont-aux-chĂšvres pour chasser la tourterelle, petit plus lorsqu'il ne revenait pas bredouille. Merci Ă  DianaVoyez aussi l'article du Docteur CabanĂšs et le livre de comptes de Pierron et suivantes, de janvier 1818 au 5 mai 1821, ainsi qu'un article d'une revue de mĂ©decine qui commente ces achats en fonction de l'Ă©volution de la maladie de l'Empereur. Les cuisiniers Principale source Autour de Sainte-HĂ©lĂšne, FrĂ©dĂ©ric Masson. Le fourneau Ă©tait d'une construction rudimentaire et ne se chauffait qu'au charbon de terre, ce qui causait au cuisinier des maux de tĂȘte insupportables; point de bois pour un vieux four Ă  la française, et par lĂ  des difficultĂ©s infinies pour la pĂątisserie. Point de rĂ©tameurs dans l'Ăźle et des casseroles qui manquaient d'empoisonner toute la colonie des organisations rudimentaires et qu'on ne pouvait amĂ©liorer faute d'ouvriers compĂ©tents. p248 Voici le constat complet sur les cuisiniers de Longwood - Le Page piĂštre cuisinier, arrivĂ© en 1816 avec NapolĂ©on - Jeannette, une Belge de vrai nom Catherine Sablon, qui fut envoyĂ©e en juin 1816 des cuisines de Hudson Lowe pour remplacer Lepage malade; Longwood apprĂ©cia sa cuisine et la garda comme assistante de Lepage; les deux cuisiniers se mariĂšrent en fin 1816, eurent une fille en septembre 1817, et quittĂšrent tous trois Longwood le 28 mai 1818. Lepage serait mort une annĂ©e aprĂšs son retour de Sainte-HĂ©lĂšne. - des Chinois qui remplacĂšrent Lepage et Jeannette pour environ 2 mois. - La Roche, un Anglais, fils de Français, qui faisait partie de la mission Amherst arrivĂ©e en fin juin 1817; il entra au service de Longwood en juillet 1818, Ă©tait piĂštre cuisiner lui aussi, et il quitta Longwood en mars 1819 Ă  cause des fumĂ©es de ses poĂȘles qui l'indisposaient. - des Chinois Ă  nouveau, jusqu'Ă  l'arrivĂ©e de Chandellier 6-7 mois plus tard. - Chandellier, envoyĂ© par Pauline avec les prĂȘtres de Fesch et Antommarchi. ArrivĂ© Ă  Longwood en septembre 1819, ce cuisinier tomba aussi gravement malade en mars 1820. Jacques Chandelier est nĂ© Ă  Melun en 1798, arrive Ă  Sainte-HĂ©lĂšne le 20 septembre 1819. Comme il avait rencontrĂ© Laroche qui lui avait parlĂ© des difficultĂ©s qu'il rencontrerait sur place, Chandelier avait apportĂ© du matĂ©riel et il parvint Ă  amĂ©liorer les conditions de son travail. Il essaie aussi de prĂ©parer des aliments qui pourraient plaire - cela a Ă©tĂ© agrĂ©able le temps de la nouveautĂ© mais ensuite cela dĂ©plut. De plus, malgrĂ© qu'il fĂ»t jeune et qu'il parĂ»t en bonne santĂ©, il fut atteint presque tout de suite par le climat moins de sept mois aprĂšs son arrivĂ©e, il Ă©tait Ă  rĂ©former avril 1820. p279 - Perrasset orthographe selon Bathurst et Perrasset lui-mĂȘme ou Peyrusset selon Masson, qui est envoyĂ© de Londres pour Sainte HĂ©lĂšne en dĂ©but dĂ©cembre 1820, en aide Ă  Jacques Chandellier souvent malade, et aussi accompagnĂ© de Louis Chandellier, cousin junior du premier. Leur convoi passe par le Cap de Bonne EspĂ©rance; ils n'arriveront pas Ă  Longwood avant le dĂ©cĂšs de NapolĂ©on. Merci Ă  Albertuk pour sa participation Ă  cet article. Le linge Chautar l'auteur des MĂ©moires de Santini "...DĂ©jĂ  la chaussure et les vĂȘtements de NapolĂ©on n'Ă©taient plus mettables ; sa toilette Ă©tait dans un tel Ă©tat de dĂ©labrement, que Santini, qui n'avait pas plus Ă©tĂ© tailleur qu'il n'avait Ă©tĂ© coiffeur, coupa une vieille redingote grise de son maĂźtre, et lui en fit un habit ; il lui fit Ă©galement, avec de vieilles bottes, une paire de souliers Ă  boucle, qu'il doubla en satin blanc ; ce satin lui avait Ă©tĂ© donnĂ© par mesdames Bertrand et Montholon." Ce satin blanc permit aussi Ă  Santini de garnir un chapeau de l'Empereur et les quelques morceaux restants joueront plus tard un grand rĂŽle dans la vie de ce fidĂšle serviteur. Merci Ă  Diana La machine Ă  glace. Dans les MĂ©moires de Lord Holland on trouve cette annotation 
Lady Holland su, par hasard, que l’empereur aimait Ă  boire, mĂȘme dans les climats moins chauds, son vin et son eau trĂšs froids. Elle se disposait Ă  acheter, Ă  un prix considĂ©rable, une machine nouvellement inventĂ©e pour faire de la glace, et, dans sa rĂ©ponse Ă  la missive de lord Bathurst, elle lui donna l’adresse du fabricant et proposa l’achat. La machine cependant ne fut ni achetĂ©e ni envoyĂ©e. Lady Holland persista nĂ©anmoins, et imagina d’envoyer, en mĂȘme temps que les publications nouvelles et quelques bagatelles comme cadeau pour sir Hudson, des marques de souvenirs analogues pour NapolĂ©on. Ces envois furent souvent ajournĂ©s par des scrupules excessifs ou des motifs moins pardonnables de la part des hommes du gouvernement ; cependant la nature inoffensive de ces petits prĂ©sents eux-mĂȘmes permit qu’ils arrivassent finalement Ă  leur destination. » Voici ce qu'en dit Marchand dans ses MĂ©moires Une machine pneumatique fut envoyĂ©e Ă  Longwood, l'Empereur chargea le gĂ©nĂ©ral Gourgaud de la mettre en action ; l'amiral Malcolm et lui vinrent la voir fonctionner le gĂ©nĂ©ral offrit Ă  chacun une tasse d'eau glacĂ©e dont la surface Ă©tait arrivĂ©e Ă  l'Ă©tat de glace en quinze minutes. L'Empereur la prenant et en la cassant dit tout le plaisir qu'on aurait eu Ă  en mettre un morceau dans la bouche, dans sa traversĂ©e du dĂ©sert en allant en Syrie. Cette machine, la premiĂšre qu'on voyait dans l'Ăźle, fut, par ordre de l'Empereur, portĂ©e chez le gĂ©nĂ©ral Gourgaud, pour qu'il se livrĂąt Ă  d'autres essais; il fit sur la limonade une expĂ©rience qui ne rĂ©ussit pas ; une autre sur du lait ne rĂ©ussit pas davantage. L'invention de cette machine Ă  faire de la glace revient Ă  sir John LESLIE 1766 - 1832 , un illustre Ă©cossais qui l'expĂ©rimenta en 1810. Il trouva, en essayant de mĂ©langer diverses substances avec l'eau, un procĂ©dĂ© de congĂ©lation artificielle. Cette dĂ©couverte fit naturellement grand bruit. II s'attacha Ă  la perfectionner, indiqua de nouveaux mĂ©langes rĂ©frigĂ©rants et, finalement, fit exĂ©cuter le premier appareil Ă  fabrication de glace par le vide. Les livres. Les envois de Lady Holland. Alors que son mari multiplie les actions politiques, Lady Holland s'efforce de rendre la vie des exilĂ©s de Longwood plus agrĂ©able en leur envoyant des objets utiles Ă  leur confort et des caisses de livres. La prĂ©cipitation de NapolĂ©on Ă  ouvrir les caisses de livres, dispersant les ouvrages sur le plancher, constitue une image cĂ©lĂšbre de la lĂ©gende hĂ©lĂ©nienne. En avril 1821, NapolĂ©on place un mot autographe "L'Empereur NapolĂ©on Ă  lady Holland, tĂ©moignage de satisfaction et d'estime" dans une tabatiĂšre que les gĂ©nĂ©raux Bertrand et Montholon, en tenue de cĂ©rĂ©monie, viendront lui remettre solennellement au mois d'aoĂ»t suivant. Le buste de l'Aiglon. Vu du cĂŽtĂ© anglais Jean-Pierre Fournier La Touraille - Hudson Lowe, le geĂŽlier de NapolĂ©on. Perrin – 2006 - P 117 Le 6 juin [1817], 0’Meara lance, en effet, l’ affaire du Buste » en ces termes Un buste du roi de Rome est arrivĂ© depuis quatorze jours. Le bruit court Ă  Jamestown que sir Thomas Reade a recommandĂ© au capitaine du vaisseau de le jeter Ă  la mer. La rĂ©alitĂ© est bien diffĂ©rente. Le buste, achetĂ© plusieurs mois plus tĂŽt par les frĂšres Beaggini de Londres, a Ă©tĂ© confiĂ© Ă  un canonnier du navire Baring Ă  l’insu du capitaine, avec instruction de le remettre au comte Bertrand et de demander seulement le remboursement des frais engagĂ©s. Si l’Empereur insiste pour fixer un prix, on devra lui demander 100 louis. A l’arrivĂ©e en rade de Jamestown, le canonnier, qui a Ă©tĂ© atteint en mer d’une crise d’apoplexie, sombre dans le dĂ©lire. Quelques jours plus tard, le capitaine dĂ©couvre la caisse contenant le buste et prĂ©vient le gouverneur. Celui-ci, apprenant que le buste est non en plĂątre creux mais en marbre plein et ne peut donc receler nul message, ne voit pas d’inconvĂ©nient Ă  le faire parvenir au prisonnier. Le major Gorrequer raconte la suite Le gouverneur s’est rendu chez le comte Bertrand oĂč je l’accompagnai et l’informa que, sur le vaisseau d’approvisionnement le Baring, rĂ©cemment arrivĂ©, il y avait un buste en marbre qu’on disait ĂȘtre celui du jeune NapolĂ©on ; qu’il paraissait avoir Ă©tĂ© apportĂ© par un sous-officier de vaisseau. Que, bien qu’il fĂ»t venu d’une maniĂšre irrĂ©guliĂšre, il prĂ©sumait que ce serait une chose agrĂ©able Ă  celui qui rĂ©sidait Ă  Longwood de le recevoir. Il prendrait sur lui la responsabilitĂ© de le faire dĂ©barquer, si tel Ă©tait son dĂ©sir ; qu’il priait le comte Bertrand d’apprendre cela au gĂ©nĂ©ral Bonaparte et de faire ensuite savoir au gouverneur s’il dĂ©sirait l’avoir parce que, dans ce cas, on le dĂ©barquerait. Le comte rĂ©pondit Oh ! Certainement que cela lui fera plaisir ; envoyez-le toujours ! » DĂšs le lendemain, le buste est obligeamment apportĂ© Ă  Longwood. NapolĂ©on n’en saisit pas moins une superbe occasion de dĂ©montrer la barbarie » du gouverneur. II dĂ©ploie cette occasion ses talents de commediante tragediante Cette physionomie adoucirait le cƓur des bĂȘtes sauvages les plus fĂ©roces. L’homme qui donna l’ordre de briser cette image plongerait un couteau dans le cƓur du modĂšle, s’il Ă©tait en son pouvoir ! Ce crime imaginaire pĂšsera longtemps sur la mĂ©moire de l’odieux geĂŽlier ». Vu du cĂŽtĂ© français AndrĂ© Castelot - Le drame de Sainte-HĂ©lĂšne - P 303 Le Baring arrive Ă  Sainte-HĂ©lĂšne Ă  la fin du mois de mai. Le maĂźtre canonnier Redwith annonce qu’il a reçu de Londres des frĂšres Biaggini un petit buste du roi de Rome destinĂ© Ă  l’Empereur. Les Biaggini osaient prĂ©tendre que la sculpture avait Ă©tĂ© faite Ă  Livourne oĂč le petit prince se trouvait avec sa mĂšre. Il s’agissait lĂ  d’une imposture le futur duc de Reichstadt n’avait jamais quittĂ© l’Autriche. En rĂ©alitĂ© cette mĂ©diocre sculpture avait Ă©tĂ© faite Ă  Londres et son auteur avait dĂ©corĂ© l’enfant de l’ordre de la LĂ©gion d’honneur qu’il ne portait plus depuis longtemps. MĂ©moires de Marchand tome 2 – BN Tallandier – 1991 – p162 L’Empereur en fut instruit aussitĂŽt l’arrivĂ©e du bĂątiment, mais huit jours plus tard, le buste n’avait pas encore Ă©tĂ© envoyĂ©. L’embarras Ă©tait grand pour le Gouverneur, mais moins pour son chef d’état-major, sir Thomas Reade, qui, tout simplement pour lever les difficultĂ©s, disait qu’il allait le jeter Ă  la mer. On nia que le propos ait Ă©tĂ© tenu, mais comment ne pas y croire quand prĂ©cĂ©demment le mĂȘme officier supĂ©rieur avait dit en parlant de l’Empereur - Si j’étais le gouverneur, je mettrais bien Ă  la raison ce chien de Français; je l’isolerais de ses amis qui ne valent pas mieux que lui, puis je lui ĂŽterais ses livres ! Il n’est en fait qu’un misĂ©rable proscrit ; je le traiterais comme tel et, par Dieu ! ce serait grand service Ă  rendre au roi de France, que de l’en dĂ©barrasser ! 
 Le Gouverneur mettant un terme Ă  ses hĂ©sitations, vint chez le grand marĂ©chal et lui dit qu’un buste en marbre du fils du gĂ©nĂ©ral Bonaparte avait Ă©tĂ© apportĂ© par le Baring, et que c’était une Ɠuvre mĂ©diocre d’un statuaire de Livourne. Celui-ci avouait dans sa lettre d’envoi avoir Ă©tĂ© payĂ©, mais se recommandait Ă  la gĂ©nĂ©rositĂ© du gĂ©nĂ©ral Bonaparte. Cette affaire paraissait donc au Gouverneur ĂȘtre une spĂ©culation et le prix de 100 louis, que l’artiste fixait Ă  l’indemnitĂ© qu’il attendait, Ă©tait une prĂ©tention exorbitante et inacceptable. Le grand marĂ©chal rĂ©pondit que l’Empereur seul pouvait dĂ©cider cette question et que revoir les traits de son fils, dont il Ă©tait privĂ© depuis tant d’annĂ©es, Ă©tait sans prix ; il engageait donc le Gouverneur Ă  le lui envoyer aujourd’hui mĂȘme. Le lendemain, seulement, il arrivait Ă  Longwood. Ce buste en marbre blanc Ă©tait d’une belle exĂ©cution, l’inscription portait NapolĂ©on, François, Charles, Joseph et il Ă©tait dĂ©corĂ© de la grand’croix de la LĂ©gion d’honneur. L’Empereur en le recevant resta en contemplation devant cette image de son fils Comment s’est-il trouvĂ© sur ce rocher un homme assez sauvage pour donner l’ordre de jeter ce buste Ă  la mer ? Il n’est point pĂšre assurĂ©ment ; pour moi, ce buste est plus que des millions. Place-le, me dit-il, sur la console du salon, que je le voie chaque jour. " La lettre suivante fut Ă©crite par le grand marĂ©chal au maĂźtre canonnier du Baring Monsieur Rudovitch sic , J’ai reçu le buste en marbre du jeune NapolĂ©on; je l’ai remis Ă  son pĂšre, il lui a causĂ© la plus vive satisfaction. Je dĂ©plore qu’il n’ait pas Ă©tĂ© en votre pouvoir de venir nous voir et de nous communiquer des dĂ©tails qui, pour un pĂšre, en la position oĂč il se trouve, auraient Ă©tĂ© du plus grand intĂ©rĂȘt. D’aprĂšs les lettres que vous m’avez envoyĂ©es, il paraĂźt que l’artiste met Ă  son ouvrage la valeur de cent livres sterling. L’Empereur m’a ordonnĂ© de vous remettre une lettre de change de trois cents livres sterling ; l’excĂ©dent est destinĂ© Ă  vous indemniser des pertes qu’il sait que vous avez essuyĂ©es sur la vente de vos marchandises, n’ayant pu les dĂ©barquer, et du prĂ©judice que cet Ă©vĂ©nement vous a occasionnĂ©, mais qui vous donnera des titres Ă  l’estime de tout galant homme. Ayez la bontĂ© de transmettre, aux personnes qui ont eu cette obligeante attention, tous les remerciements de l’Empereur. J’ai l’honneur d’ĂȘtre, etc. Comte BERTRAND. » P. S. – Je vous prie de vouloir bien m’accuser la rĂ©ception de la lettre de change incluse. GOURGAUD 11 juin 1817. – Sa MajestĂ© me demande d’ouvrir la caisse et de lui en rendre compte. Je vais chez le grand marĂ©chal, oĂč je trouve Balcombe et Poppleton ; je sors le petit NapolĂ©on de son emballage. Je retourne chez l’Empereur qui est seul. - Quelle dĂ©coration ? - L’aigle. - Mais ce n’est pas celui de Saint-Etienne, au moins ? - Eh non ! c’est l’aigle que Votre MajestĂ© porte Elle-mĂȘme Cela fait plaisir Ă  l’Empereur, qui m’envoie chercher le buste ; sa premiĂšre idĂ©e est de regarder la dĂ©coration. Il trouve l’enfant joli, quoiqu’il ait le cou enfoncĂ© il ressemble Ă  sa mĂšre - Est-ce l’ImpĂ©ratrice ou le sculpteur qui aura voulu l’aigle ? On appelle les Montholon, tout le monde trouve charmant le petit prince. Les jardins. MĂ©moires de Marchand – BN – Tallandier, 1991 p244 L’Empereur, depuis quelque temps, parlait d’agrandir les jardins qu’il avait sous ses fenĂȘtres. Il sentait le besoin de se prĂ©server des vents alizĂ©s, par un mur de gazon Ă©levĂ©. Non seulement il y voyait un moyen de distraction pour lui et la colonie, mais il y trouvait aussi l’avantage de repousser de la maison le cordon de sentinelles qu’on y posait chaque soir Ă  9 heures. Les mesures prises et arrĂȘtĂ©es, tout le monde dut mettre les mains au travail. L’Empereur y gagnait un exercice salutaire Ă  sa santĂ©. C’était aussi, me disait-il, un moyen de faciliter la convalescence du comte de Montholon et de procurer de l’ombre autour d’une habitation qui en Ă©tait dĂ©munie. Il croyait aussi, en se promenant, trouver le moyen de se soustraire Ă  la vue du capitaine de garde. Le comte de Montholon ne se doutait pas du sentiment qui faisait agir l’Empereur, il ne se prĂȘtait aux idĂ©es de Sa MajestĂ© que parce qu’il y voyait un moyen d’amĂ©liorer une santĂ© qui dĂ©clinait visiblement. Le maĂźtre d’hĂŽtel, M. Pierron, fut chargĂ© d’acheter en ville brouettes, pioches, pelles et tous les instruments aratoires propres Ă  mettre en culture et dĂ©fricher une assez grande quantitĂ© de terrain. Chacun eut ses outils, l’Empereur lui-mĂȘme eut son rĂąteau et sa bĂȘche, qui lui servait de bĂąton pour marcher ou s’appuyer lorsqu’il regardait travailler. Les travaux commencĂšrent par le mur de gazon du cĂŽtĂ© du sud, qui s’éleva en talus Ă  9 pieds de haut, ayant dans sa base 9 pieds le large sur 80 pieds de dĂ©veloppement. Sir Hudson Lowe ne vit dans cette Ă©lĂ©vation que ce qui lui fut dit un abri contre le vent, et n’y mit pas d’opposition. Mais lorsqu’il vit que la barriĂšre des petits jardins Ă©tait transportĂ©e Ă  cette mĂȘme distance, et que les sentinelles de la nuit se trouvaient aussi Ă©loignĂ©es de l’habitation, il en conçut des craintes pour la sĂ»retĂ© de la dĂ©tention. Il s’en expliqua, mais n’osa cependant pas prendre sur lui de s’opposer Ă  ce que venait d’entreprendre l’Empereur, qui y gagnait d’autant en libertĂ© autour le son habitation. L’Empereur et le comte de Montholon Ă©taient les directeurs des travaux. Tous les matins, Ă  la pointe du jour, la colonie Ă©tait rĂ©veillĂ©e par le valet de chambre de service. Souvent, une pierre lancĂ©e dans ma persienne par l’Empereur, m’annonçait que l’heure du travail Ă©tait arrivĂ©e. Le mien Ă©tait plutĂŽt le tracĂ©, sous la direction de l’Empereur ; si je prenais la bĂȘche, c’était plutĂŽt pour rectifier que dĂ©foncer, ce qui m’avait fait appeler par Sa MajestĂ© le pionneur ». L’Empereur avait adoptĂ© pour costume une veste de nankin comme celle des fermiers et un pantalon de mĂȘme Ă©toffe avec pantoufles rouges et un chapeau de paille Ă  large bord pour se prĂ©server du soleil, le col de la chemise rabattu sur celui de la veste. Pour ĂȘtre moins reconnu, il avait ordonnĂ© que Saint-Denis et Noverraz fussent vĂȘtus de mĂȘme. Par sa prĂ©sence, l’Empereur excitait chacun dans son travail, le mĂ©decin et les prĂȘtres y furent appelĂ©s ainsi que les Chinois ; chacun faisant la dose de travail proportionnĂ©e Ă  ses forces. Le comte Bertrand n’arrivait jamais avant 8 heures et causait en se promenant avec l’Empereur ; le comte de Montholon y Ă©tait en mĂȘme temps que Sa MajestĂ©. II est arrivĂ© quelquefois que l’Empereur mit Ă  chacun d’eux une pioche dans la main, mais elle ne fonctionnait pas comme dans celles de Noverraz. Messieurs, disait-il, vous n’ĂȘtes pas capables de gagner un shilling dans votre journĂ©e. » L’Empereur lui-mĂȘme voulut se servir d’une pioche, mais il l’abandonna bientĂŽt comme un instrument peu fait pour ses mains. La pensĂ©e des jardins faisait faire Ă  l’Empereur un exercice salutaire, cette causerie Ă  l’air pendant plusieurs heures lui faisait du bien et le faisait dĂ©jeuner avec appĂ©tit, ce que nous Ă©prouvions tous gĂ©nĂ©ralement Ă  10 heures ; alors la chaleur devenant trop forte, tout le monde rentrait. Lorsque les murs furent Ă©levĂ©s, il fit fermer par une grille en bois toute la partie qui regardait le camp et dont il n’avait pas Ă  redouter le vent, qui disait-il, le dessĂ©chait et rendait ses nerfs irritables. C’était pour empĂȘcher des animaux de pĂ©nĂ©trer dans la plantation qu’il se proposait de faire. Ces jardins furent considĂ©rĂ©s comme intĂ©rieurs et repoussĂšrent le cordon de sentinelles posĂ©es la nuit Ă  80 pieds de la maison au lieu de 40. Lorsque ces travaux commencĂšrent, le Gouverneur vint Ă  Longwood et fit offrir tout ce que l’on pouvait dĂ©sirer, des soldats mĂȘme, si on le jugeait nĂ©cessaire. Le comte de Montholon remercia le capitaine de garde qui lui fit cette offre et lui dit que l’Empereur se trouvait bien de ce qui Ă©tait autour de lui et n’avait besoin de personne. Le personnel de Longwood fut augmentĂ© de quatre Chinois pour le soin des jardins et continuer les travaux pendant notre absence dans la journĂ©e. L’Empereur me dit de leur donner Ă  chacun 30 shillings par mois, ils recevaient indĂ©pendamment de cela, une solde et la nourriture du gouvernement. Le cuisinier seul avait Ă©tĂ© exceptĂ© des travaux du matin par la nĂ©cessitĂ© oĂč il Ă©tait de s’occuper du dĂ©jeuner de l’Empereur, qui se servait Ă  10 heures dans l’un des petits jardins, Ă  l’ombre de son bosquet d’orangers, en attendant que nos plantations nouvelles pussent lui en procurer dans les grands. PhotographiĂ© au musĂ©e de l'Ăźle d'Aix Novembre 1819 d'aprĂšs Sainte-HĂ©lĂšne – Octave Aubry – p 146-154 Mais ce qui devait le plus prĂ©occuper et distraire NapolĂ©on, fut la transformation des jardins. DĂ©jĂ  des soldats envoyĂ©s par Lowe avaient construit un mur de gazon Ă  l'Est pour couper le vent. Antommarchi encouragea l'Empereur dans ce dessein. Le jardinage, dĂ©clara-t-il, Ă©tait le meilleur exercice qui pĂ»t remplacer l'usage abandonnĂ© du cheval. Pierron alla Ă  Jamestown acheter brouettes, pioches, pelles pour la maisonnĂ©e. L'Empereur mĂȘme eut son rĂąteau et sa bĂȘche. Chaque matin, au petit jour, dĂšs que les factionnaires avaient Ă©vacuĂ© le jardin, il envoyait le valet de service sonner la cloche pour Ă©veiller tout son monde. Domestiques français, anglais et chinois, Antommarchi, les deux prĂȘtres, jusqu'aux servantes, tous devaient se mettre au travail. NapolĂ©on Ă©tait vĂȘtu d'un pantalon et d'une veste de nankin comme les colons de l'Ăźle, coiffĂ© d'un grand chapeau de paille et chaussĂ© de pantoufles de maroquin rouge. NapolĂ©on essaya lui-mĂȘme, Ă  plusieurs reprises, de piocher et de bĂȘcher, mais ses mains se couvrant d'ampoules, il y renonça. Sur le cĂŽtĂ© Ouest, devant les fenĂȘtres de l'Empereur, s'Ă©tendait ce qu'il nommait le jardin de Marchand, ou "le parterre ». Un losange de gazon y Ă©tait tracĂ©, entourĂ© d'allĂ©es Ă©troites et de plates-bandes de rosiers bordĂ©es de buis. Devant les croisĂ©es on plaça quatre orangers et lui-mĂȘme entre leurs tiges sema des giroflĂ©es et des immortelles de toutes couleurs dont lady Holland lui avait envoyĂ© des graines. La fenĂȘtre la plus proche de l'angle formĂ© par le mur du salon devint une porte vitrĂ©e, abritĂ©e par une petite vĂ©randa de treillage, garnie de plantes grimpantes. Par deux marches, NapolĂ©on pouvait descendre dans son parterre et s'y promener sans ĂȘtre vu, car une palissade en arceaux couverte de fleurs de la Passion formait Ă  l'entour un mur compact. De l'autre cĂŽtĂ© du bĂątiment central, avait Ă©tĂ© disposĂ© le jardin d' Aly ou bosquet », symĂ©trique au jardin de Marchand. Le centre Ă©tait un ovale gazonnĂ©. Deux gros orangers y furent plantĂ©s. L'ensemble devait bientĂŽt devenir si touffu que le soleil n'y pĂ©nĂ©trait plus. On entreprit ensuite l'amĂ©nagement Ă  l'est d'un jardin plus Ă©tendu. AbritĂ© par un mur de gazon, et sĂ©parĂ© du bosquet par une tonnelle couverte oĂč l'Empereur aimait Ă  se tenir, il fut peuplĂ© de pĂȘchers, d'acacias, de saules, d'arbousiers. Un tapis de fraisiers couvrait une partie du sol. Afin d'avoir tout de suite de l'ombre, car pour son jardinage il se montrait tout impatience, il fit transporter d'assez vieux chĂȘnes dont beaucoup pĂ©rirent. On remplaça les dĂ©faillants par des pĂȘchers. Ce jardin fut baptisĂ© jardin de Noverraz. II occupa beaucoup l'Empereur. On y avait mĂ©nagĂ© dans le bas une petite grotte que les Chinois recouvrirent d'une boiserie dĂ©corĂ©e de dragons et d'oiseaux. Une table ronde, quelques chaises la meublaient. NapolĂ©on s'y retirait souvent. Deux ou trois fois il y dĂ©jeuna. La grande affaire fut l'irrigation de ces terrains. NapolĂ©on fit creuser et cimenter un bassin en demi-lune, qui s'alimentait du filet d'eau venu des sources du Pic de Diane. On y jeta des cyprins qui moururent, au grand dĂ©pit de l'Empereur. Le trop-plein de bassin, par une rigole, s'Ă©coulait dans une cuve placĂ©e au milieu du jardin de Noverraz et en repartait pour traverser la grotte et emplir un troisiĂšme bassin situĂ© plus bas. Chandellier avait rĂ©ussi, avec un tuyau le plomb, Ă  faire jaillir dans la cuve centrale un petit jet d'eau. L'Empereur en fut enchantĂ©. Quand il sortait, il disait Ă  Aly ou Marchand - Allons, fais jouer les eaux. On courait tourner le robinet du rĂ©servoir et NapolĂ©on, placĂ© entre la grotte et le dernier bassin, regardait l'eau descendre et arriver jusqu'Ă  lui. Il riait de s'amuser de si peu de chose. Le jeu cessait quand il n'y avait plus d'eau dans le rĂ©servoir. Au-dessus du premier bassin, l'Empereur avait fait fabriquer par le plus habile de ses Chinois une voliĂšre Ă  trois Ă©tages en bois dĂ©coupĂ© et dĂ©corĂ© de peintures que surmontait un aigle. On y installa un faisan et quelques poules, faute d'autres oiseaux, car les serins achetĂ©s Ă  Jamestown ne vĂ©curent pas. On y mit aussi des pigeons, mais ils s'enfuirent dĂšs qu'on ouvrit la porte. La cage resta sans oiseaux comme le bassin sans poissons." Quand le jardin de Noverraz fut achevĂ©, NapolĂ©on en fit Ă©tablir, du cĂŽtĂ© de l'Ouest, un tout semblable, car il aimait la rĂ©gularitĂ© Ă  l'extrĂȘme. Il y eut aussi des bassins, l'un d'eux Ă©tait la vieille baignoire doublĂ©e de plomb qui avait servi Ă  l'Empereur dans les premiers temps. En descendant vers la maison de Bertrand, l'ancien parc subsistait, pour partie formĂ© de pelouses oĂč se dressaient quelques sapins et quelques saules, et pour le reste converti en potager. NapolĂ©on prit plaisir Ă  y voir lever des haricots et des pois. Illustration venant de Sainte-HĂ©lĂšne, d'Ocatve Aubry. La voliĂšre. Castelot, le drame de Sainte-HĂ©lĂšne - Perrin, 2000. Lorsqu’on avait creusĂ© le grand bassin du jardin de Noverraz celui dans lequel on avait mis des poissons, on avait attaquĂ© et mĂȘme coupĂ© les principales racines du sapin ; cet arbre se sĂ©cha Ă©tant privĂ© des sources de la Vie. Pour occuper cette place, l’Empereur fit faire par un Chinois une grande cage ou voliĂšre en bambou, couronnĂ©e d’une espĂšce d’oiseau que le Chinois donna pour un aigle. Pour peupler la cage, l’Empereur fit acheter quelques douzaines de serins. Ces petits oiseaux demeurĂšrent un ou deux mois dans leurs petites cages suspendues dans le berceau, en attendant que la voliĂšre que l’on construisait fĂ»t terminĂ©e. Tous les jours on donnait Ă  ces petits volatiles tout ce qu’il leur fallait pour vivre ; mais ils furent pris par le bouton » dont peu Ă  peu presque tous moururent. Les quelques-uns qui restĂšrent devinrent la proie des chats. En dĂ©finitive, la voliĂšre organisĂ©e et placĂ©e eut pour premiers habitants un faisan estropiĂ© et quelques poules. Pour ne pas perdre celles-ci, on fut obligĂ© de les retirer de la cage quelques jours aprĂšs. Quant au malheureux faisan, il termina ses jours dans la prison. L’idĂ©e vint alors Ă  l’Empereur de mettre des pigeons dans la voliĂšre. Pendant quelques jours on tint enfermĂ©s les nouveaux habitants mais aussitĂŽt que la porte leur fut ouverte, ils retournĂšrent Ă  leur prĂ©cĂ©dent domicile. La cage resta sans oiseaux, comme le bassin sans poissons. Également d'autres rĂ©actions et anecdotes de la vie quotidienne Ă  Sainte-HĂ©lĂšne cliquez ici. Les problĂšmes de santĂ© de l'Empereur. Extrait du livret de Jean Bourguignon COVISART, premier mĂ©decin de NAPOLÉON, ÉditĂ© par les laboratoires CIBA - Lyon 1937 En dehors des cas peu nombreux oĂč nous avons vu NapolĂ©on, rĂ©ellement malade, recourir Ă  son mĂ©decin qui lui prescrivait des vĂ©sicatoires, l’état de santĂ© gĂ©nĂ©ral de l’Empereur s’est maintenu, pendant la pĂ©riode impĂ©riale, aussi satisfaisant que possible. Les seuls incidents sont des crises de gastralgie, des poussĂ©es d’eczĂ©ma, des phĂ©nomĂšnes de dysurie, des fluxions hĂ©morroĂŻdaires. Il y a lĂ  tous les phĂ©nomĂšnes de l’hĂ©rĂ©ditĂ© arthritique dont semble marquĂ© NapolĂ©on. Mais celui-ci surmonte vaillamment tous les malaises. Pendant la dure retraite de Russie, en particulier, son endurance et sa force d’ñme demeurent sans cesse Ă  la hauteur des circonstances. Pourtant la courbe du succĂšs paraĂźt suivre rigoureusement celle de la santĂ©. Les observations des contemporains et certains documents de l’époque, ont permis rĂ©cemment Ă  quelques mĂ©decins d’étudier les dĂ©faillances organiques de l’Empereur et leur influence sur sa destinĂ©e. On a Ă©tĂ© frappĂ© d’abord du contraste saisissant qui se dĂ©gage de ses portraits. Qu’il s’agisse des portraits officiels ou mĂȘme des images populaires, les uns comme les autres rĂ©vĂšlent deux physionomies diffĂ©rentes qui ont Ă©tĂ© remarquĂ©es par le gĂ©nĂ©ral Marmont. La premiĂšre c’est celle du gĂ©nĂ©ral maigre et sobre, insensible aux privations, c’est celle qui frappait le muletier au passage du Grand Saint-Bernard et retenant le blanc de l’Ɠil comme du citron et la figure de mĂȘme » ; c’est celle que notait en 1802 un Anglais dans la cour des Tuileries Bonaparte, disait-il, a le teint d’un jaune sombre.» La seconde, c’est la physionomie de l’Empereur, dont les traits se sont empĂątĂ©s, dont le torse s’est Ă©paissi, dont le ventre s’est bombĂ© ; c’est celle de NapolĂ©on alourdi qui Ă©crit d’Erfurt, en 1808, Ă  JosĂ©phine Quarante ans sont quarante ans » ; et qui, en 1805, soupĂšse son ventre en disant, pour tranquilliser sur ses intentions belliqueuses Est-ce qu’on peut faire la guerre quand on est gros comme moi ? » À vrai dire, au moment oĂč s’écroule l’Empire, on ne sent plus l’idĂ©e dominer le corps harassĂ© de NapolĂ©on. L’ĂȘtre physique Ă©chappe de plus en plus Ă  l’action du maĂźtre et il semble que les Ă©preuves ont sinon usĂ©, du moins dĂ©passĂ© en quelque sorte les forces. Tel est l’homme que les Anglais envoient en 1815 Ă  Sainte-HĂ©lĂšne, sous un climat tropical, dans une atmosphĂšre Ă  la fois humide et Ă©touffante, oĂč les coups de soleil brĂ»lent dangereusement la peau, oĂč les brouillards sont perfides et les averses torrentielles. Le plateau de Longwood, comme l’a dĂ©crit le mĂ©decin gĂ©nĂ©ral Brice, est spĂ©cialement malsain
C’est un lieu oĂč la dysenterie amibienne rĂ©gnait d’une façon endĂ©mique. VoilĂ  justement le premier mal qui atteignit NapolĂ©on. Comme l’exilĂ© prĂ©sentait, d’aprĂšs les observations qui prĂ©cĂšdent, tous les signes d’hĂ©patisme, la dysenterie amibienne se compliqua vite d’une hĂ©patite suppurĂ©e qui dut se localiser sous la forme d’un abcĂšs. » Merci Ă  Diana Voir aussi "la maladie de l'Empereur". ProblĂšmes dentaires Il s'agirait de la dent de sagesse MacĂ©, lui, parle de deux dents arrachĂ©e par O'Meara le 16 novembre 1817. Deux tĂ©moignages "L'Empereur se fait arracher une dent pour la premiĂšre fois de sa vie. Il nous a racontĂ© que O'Meara l'avait fait asseoir par terre et s'Ă©tait servi de pinces rouillĂ©es. C'Ă©tait une dent de sagesse Ă  peine gĂątĂ©e et qui aurait fort bien pu ĂȘtre plombĂ©e." Montholon "Il nous a racontĂ© qu'O'Meara l'a fait asseoir par terre pour lui arracher la dent, l'instrument a provoquĂ© des vomissements, puis le docteur a pris des pinces. O'Meara est tout fier de son opĂ©ration ; c'est une dent du fond, qui a deux trous Ă  la hauteur de son enchassement avec les gencives, l'un extĂ©rieur, l'autre en arriĂšre." Gourgaud Des bains brĂ»lants NapolĂ©on croyait les bains brĂ»lants utiles Ă  sa santĂ©. A Sainte-HĂ©lĂšne, le mal empirant, les bains se multipliĂšrent. Quelques tĂ©moignages Marchand "Ces bains lui faisaient du bien et diminuaient, disait-il, une douleur sourde dans le cĂŽtĂ©."O'Meara "Ses jambes Ă©taient un peu plus enflĂ©es que le matin. Il aurait pris un autre bain, mais il n'y avait point d'eau."Gourgaud "Sa MajestĂ© a pris un bain de mer, qui l'a fait suer Elle souffre davantage du foie, mais Elle espĂšre que la sueur la guĂ©rira."MĂ©nĂ©val rapporte l'avis des mĂ©decins sur la tempĂ©rature de l'eau "Sur l'observation de son mĂ©decin, que la haute tempĂ©rature de ses bains, leur frĂ©quence et leur longue durĂ©e tendaient Ă  l'affaiblir et le disposaient Ă  l'obĂ©sitĂ©, il en usa depuis plus sobrement." Mais avec la maladie et la souffrance morale, les bains reprirent de plus belle Ă  Longwood. C'est d'ailleurs O'Meara qui lui conseilla les bains d'eau de mer. NapolĂ©on prit son premier bain Ă  Sainte-HĂ©lĂšne le 10 dĂ©cembre 1815 Ă  Longwood, dĂšs son arrivĂ©e. Il n'en avait pas pris depuis le 29 juin. Las Cases nous conte l'anecdote "L'Empereur, qui avait Ă©tĂ© privĂ© de bains depuis la Malmaison, et pour qui ils Ă©taient devenus une des nĂ©cessitĂ©s de la vie, a voulu en prendre un dĂšs l'instant mĂȘme." Marchand parle de "joie d'enfant". La baignoire un coffre de grandes dimensions en chĂȘne doublĂ© de plomb avait Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©e par les marins brittaniques. Cette baignoire n'est pas venue jusqu'Ă  nous. Une seconde, plus petite, fournie par O'Meara sert aujourd'hui de bassin dans les jardins. La troisiĂšme en cuivre, dans un coffre de bois rapportĂ©e lors du retour des Cendres a repris finalement sa place Ă  Longwood. Merci Ă  Cyril Drouet Une superbe statue de l'Empereur, sculptĂ©e par l'artiste suisse Vincenzo Vela. Il naquit dans le Tessin en mai 1820 et mourut en 1890. Il Ă©tudia la sculpture Ă  l'acadĂ©mie de Brera Ă  Milan. Diana Les derniers beaux jours - NAPOLÉON Ă  Sainte-HĂ©lĂšne, tome III chapitre IV - Dr Paul GaniĂšre - Librairie AcadĂ©mique Perrin 1962 “ DĂšs le lendemain de leur installation Ă  Longwood, les membres de la petite caravane » prennent possession de leurs fonctions. Chandelier, qui, sur les conseils de Laroche recueillis Ă  Londres, s’était muni d’un certain nombre d’ustensiles, tels que casseroles, poĂȘles, machines Ă  faire de la glace 1, se met Ă  l’ouvrage. DĂ©jĂ , il projette de construire un four Ă  l’allemande pour la cuisine, un autre Ă  l’anglaise pour la pĂątisserie, d’organiser, autour de Longwood, un Ă©levage de poulets et de dindes. Sans plus attendre, il se rĂ©vĂšle habile Ă  prĂ©parer la soupe de soldat, selon la recette qu’affectionne particuliĂšrement l’Empereur, les pĂątĂ©s Ă  la corse, les vol-au-vent, les bouchĂ©es Ă  la reine, les quenelles de volaille. VĂȘtu de la livrĂ©e brodĂ©e d’argent, Coursot accomplit son service sans la moindre gĂȘne, comme il l’aurait fait dans un des anciens palais impĂ©riaux. Marchand, toujours Ă  cheval sur l’étiquette et gardien jaloux des usages, n’a besoin, Ă  aucun moment, d’intervenir. Antonmarchi, pour sa part, n’a pas perdu son temps, AprĂšs une visite prolongĂ©e Ă  son confrĂšre Verling, il s’est rendu successivement, chez Bertrand, Montholon et Marchand. Tous, il les a longuement interrogĂ©s sur le comportement de l’Empereur, les malaises qu’il a prĂ©sentĂ©s, les traitements qu’il a suivis, le genre de vie qu’il a fini par adopter, malgrĂ© les protestations, et mĂȘme les supplications de son entourage. Il cherche ainsi Ă  se faire une opinion objective, en rĂ©unissant le maximum d’élĂ©ments et en les confrontant. Le 23 septembre au matin, il accomplit, auprĂšs de son nouveau patient, son premier acte professionnel. Introduit Ă  son chevet, il procĂšde Ă  un examen minutieux. Dans son journal, il dresse, de ses constatations, un tableau assez sombre oreille dure, face terreuse, conjonctive rouge et striĂ©e de jaune, embonpoint excessif, langue saburrale, toux sĂšche, bas-ventre ballonnĂ©, foie gros et douloureux, vĂ©sicule biliaire tendue, nausĂ©es, constipation, sueurs abondantes. Lorsqu’il en a terminĂ©. L’Empereur le questionne - Eh bien, docteur, dois-je troubler encore longtemps la digestion des rois ? Antonmarchi le rassure. InformĂ© de sa rĂ©pugnance pour les drogues, il hĂ©site Ă  formuler quelque prescription mĂ©dicamenteuse, mais, comme ses prĂ©dĂ©cesseurs, conseille l’exercice physique, des frictions sur les jambes, la pratique du cheval, les promenades en voiture. NapolĂ©on hoche la tĂȘte - Non. L’insulte m’a longtemps confinĂ© dans ces cabanes. Aujourd’hui, le manque de forces m’y retient". 1 De mĂȘme que la premiĂšre machine Ă  faire la glace apportĂ©e Ă  Sainte-HĂ©lĂšne, celle-ci refusera obstinĂ©ment de fonctionner. Merci Ă  Diana PhotographiĂ© au musĂ©e de l'Ăźle d'Aix TournĂ©s vers l'extĂ©rieur. PhotographiĂ© au musĂ©e de l'Ăźle d'Aix Les projets d'Ă©vasion Si le danger existe aux yeux d'Hudson Lowe, il ne peut venir que de l'extĂ©rieur et par surprise. C'est vers les Etats-Unis que tous les regards se tournent. L'entrĂ©e en guerre contre l'Angleterre en 1812 a rendu NapolĂ©on populaire et a fait oublier l'irritation provoquĂ©e par le blocus dont le commerce amĂ©ricain avait Ă©tĂ© l'une des victimes. DĂ©sormais un courant de sympathie se dĂ©veloppe en faveur de l'Empereur et des complots s'Ă©laborent, souvent fort ingĂ©nieux, pour permettre son Ă©vasion. Tout commence en 1816. Hudson Lowe est averti qu'un corsaire du nom de Sontag, a la tĂȘte d'un groupe de boucaniers hardis et expĂ©rimentĂ©s, prĂ©pare une expĂ©dition sur l'Ăźle. L'empereur embarquerait sur un petit bateau rapide et rejoindrait une goĂ©lette qui l'emmĂšnerait en AmĂ©rique du Sud. Un amĂ©ricain du nom de CARTER, propriĂ©taire d'un voilier rĂ©putĂ© pour sa vitesse, se vante devant Joseph, en exil en AmĂ©rique, de faire Ă©vader son frĂšre. Le renseignement est aussitĂŽt transmis par le ministre d'Espagne aux Etats-Unis et retransmis Ă  Londres. Un autre projet entendait tirer prĂ©texte d'un fausse chasse Ă  la traite des Noirs pour s'approcher des cĂŽtes de l'Ăźle, et voilĂ  que lord Cochrane, l'un des plus brillants officiers de la Royal Navy, renvoyĂ© dans ses foyers pour ses idĂ©es, arme un vaisseau de 24 canons dont croit-on il entend faire usage pour libĂ©rer NapolĂ©on. Un autre nom est prononcĂ© celui de Jean Laffite. Cette fois la menace est sĂ©rieuse et plus redoutable, car la sympathie et l'idĂ©ologie font place Ă  l'argent. Car Lafitte est plus un homme d'affaire qu'un vrai pirate. De ce fait il dispose de bons vaisseaux et d'Ă©quipages bien entraĂźnĂ©s. L'appĂąt du gain peut le dĂ©tacher de l'Espagne qu'il est accusĂ© de servir. Et ne murmure t'on pas qu'Ă  la Nouvelle OrlĂ©ans le banquier et maire de la ville, Nicolas Girord, fait bĂątir une maison pour accueillir NapolĂ©on ? Brion, riche armateur d'origine hollandaise, a aussi son idĂ©e. Car une telle opĂ©ration peut se rĂ©vĂ©ler fort profitable. Il n'est pas jusqu'Ă  la belle Pauline Foures, devenue mme de RANCHOU, qui n'intrigue dans un salon de Rio de Janeiro. Fulub MĂ©moire - le rĂȘve Ă©veillĂ©. NapNap Octave Aubry Sainte-HĂ©lĂšne - L’évasion, si leur prisonnier n’y pensait plus, Lowe, Bathurst et le cabinet des Tuileries la craignaient toujours. Il est en effet certain, quoi qu’on ait dit, que plusieurs projets sĂ©rieux furent prĂ©parĂ©s vers la fin de la CaptivitĂ© pour enlever par surprise NapolĂ©on. Le commodore Stephen Decatur, l’un des plus glorieux marins d’AmĂ©rique, avait, de concert avec le gĂ©nĂ©ral Clauzel, soumis Ă  l’ex-roi d’Espagne un plan que Lakanal accusera plus tard Joseph d’avoir refusĂ© par pusillanimitĂ© et par avarice ». Le fameux flibustier Laffitte, la terreur des Anglais dans la mer du Mexique, monta une autre expĂ©dition ; mais un cyclone lui emporta six navires et il dut renoncer. Une tentative postĂ©rieure, et qui fut prĂšs de se rĂ©aliser, sauva de l’oubli le nom d’un Français Ă©tabli Ă  la Nouvelle-OrlĂ©ans, Nicolas Girod. Il Ă©tait riche, Ă©nergique, et portait Ă  l’Empereur une admiration fidĂšle. Sa maison Ă©tait remplie de portraits, de gravures, de statues de NapolĂ©on. Il ouvrit une souscription entre ses compatriotes Ă©parpillĂ©s dans le sud des Etats-Unis et versa lui-mĂȘme le plus gros des fonds. Un clipper rapide et bien armĂ©, la SĂ©raphine, fut construit en grand secret Ă  Charleston. Le capitaine dĂ©signĂ© pour la commander Ă©tait Dominique Yon, le bras droit de Laffitte. Marins et soldats avaient Ă©tĂ© recrutĂ©s parmi ses anciens compagnons et les soldats laboureurs » du Champ d’Asile. Girod doutait si peu de la rĂ©ussite qu’il avait fait construire et richement meubler une maison pour loger l’Empereur dĂšs qu’il arriverait Ă  la Nouvelle-OrlĂ©ans. Lakanal Ă©tait dans l’affaire, mais il ne semble pas que Joseph, dont on savait maintenant l’égoĂŻsme, ait Ă©tĂ© sollicitĂ© ou mĂȘme prĂ©venu. La SĂ©raphine allait partir quand arriva la nouvelle de la mort de l’Empereur. Plusieurs de ces projets oĂč trop d’hommes Ă©taient mĂȘlĂ©s transpirĂšrent. Bathurst en prĂ©venait Lowe, dont les frayeurs rebondissaient aussitĂŽt et qui aprĂšs cette accalmie, recommençait de soupçonner Longwood, qui pourtant n’y songeait guĂšre, des plus aventureux complots. Voir Ă©galement Hudson Lowe face Ă  l'Ă©vasion du Prisonnier et dans les documents, les prĂ©cautions prises contre l'Ă©vasion. ï»żLes comptines sont des poĂšmes enfantins, parlĂ©s ou chantĂ©s avec une mĂ©lodie dynamique pour amuser et Ă©duquer les enfants. Elles favorisent la mĂ©morisation, l’imaginaire et le vocabulaire. Voici les paroles d’une nouvelle chanson pour votre enfant ! ProposĂ© par la Team Mapiwee 65 Les paroles de la comptine “NapolĂ©on” NapolĂ©on est mort Ă  Sainte HĂ©lĂšne, Son fils LĂ©on lui a crevĂ© l’bidon. On l’a r’trouvĂ©, assis sur une baleine, En train d’bouffer les fils de son caleçon bis NapolĂ©on 1er est mort Ă  l’ñge de 51 ans, le 5 mai 1821 Ă  Longwood, Saint-HĂ©lĂšne Royaume-Unis. DĂ©couvrez d'autres articles et activitĂ©s Les 10 meilleures comptines et berceuses de notre enfance Comment inventer des histoires pour votre enfant ? Chanson pour enfants Ah ! vous dirai-je maman Chanson pour enfants Fais dodo Colas mon p’tit frĂšre

napoleon est mort a st helene paroles